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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
L’Etat stratège plutôt que l’Etat rentier
Olivia Grégoire
Députée de Paris, présidente de la commission spéciale du projet de loi PACTE, porte-parole du groupe LaREM à l’Assemblée nationalehttps://oliviagregoire.fr/
Il faut privatiser ADP pour ADP. Aujourd’hui, un aéroport comme Roissy, qui compte parmi les premiers au monde en termes de trafic, est largement distancé en termes de qualité de service : 37e selon Skytrax, 128e selon AirHelp ! Face à la concurrence internationale, il est nécessaire d’investir massivement.
Il faut injecter du sang neuf pour un développement profitable à l’emploi
L’Etat n’a plus les moyens d’accompagner cette ambition, de construire par exemple un nouveau terminal à 9Md€. Ouvrir le capital d’ADP permettra un développement profitable à l’emploi (non-délocalisable), aux usagers et aux salariés. Privatiser ADP, ce n’est donc pas chercher de l’argent frais, c’est injecter du sang neuf !
Evidemment, il faut aussi voir à quoi serviront les 10 Md€ dégagés par cette cession. L’Etat les placera dans des obligations qui garantiront un rendement annuel permettant le financement du Fonds pour l’innovation de rupture ; plus de 250m€ d’investissement chaque année dans la recherche de pointe ! Une somme bien supérieure aux dividendes que l’Etat a pu percevoir en tant qu’actionnaire d’ADP, dividendes d’ailleurs très fluctuants : ils avaient chuté à trois reprises ces dix dernières années, par exemple entre 2015 et 2016 (de 157 à 130 M€).
Une nouvelle mission : la sécurité et la régulation
Nous assumons notre préférence pour un Etat stratège plutôt que pour un Etat rentier. En se dégageant de la gestion d’une entreprise commerciale, pour laquelle il n’est pas nécessairement le meilleur, l’Etat pourra se concentrer sur ses missions régaliennes de sécurité et de régulation. Car privatiser ADP, cela ne veut pas dire privatiser les frontières ni même l’infrastructure.
Les fonctions de souveraineté seront intégralement préservées (contrôle des personnes, frontières, douanes ou trafic aérien). De plus, l’Etat disposera sur ADP d’un pouvoir de contrôle (via la Cour des comptes et la présence d’un commissaire du gouvernement au conseil d’administration), de régulation (via un contrat renouvelé tous les cinq ans) et de sanction (faute de respect du cahier des charges, il pourra sanctionner le concessionnaire jusqu’à 2 % de son CA).
Nous avons tiré les leçons des anciennes privatisations
Les privatisations ont conduit à des erreurs dans le passé, nous en avons tiré les leçons. Ainsi, sur l’augmentation des prix, constatée après la privatisation des autoroutes : le futur concessionnaire d’ADP devra négocier les tarifs avec l’Etat et, faute d’accord, ce dernier reprendra la main ; sur la possibilité pour le concessionnaire de céder l’entreprise, comme l’a fait l’investisseur de Toulouse : il faudra l’autorisation de l’Etat pour céder les actifs d’ADP. L’Etat cède des actifs, pas sa responsabilité ni son autorité.
Vous ?
Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas pu trouver de seconde personne légitime, compétente, et partante pour défendre ce point de vue.
Si cela vous tente, n’hésitez pas à nous contacter !
Non, il ne faut pas privatiser ADP
Voici mes 3 raisons pour dire non à la privation d’Aéroports de Paris.
1. ADP est une entreprise publique qui marche bien, qui fait des bénéfices, qui investit. Tous les groupes d’opposition parlementaire étaient d’accord, à gauche mais aussi à droite. Quel est le sens de vendre un bijou de famille pour rembourser moins de 0,2% de la dette française et financer des start-ups, alors qu’entre 2006 et 2018, l’Etat actionnaire a engrangé 1.32 milliards d’€ de dividendes, 173 millions d’€ rien qu’en 2018? Le précédent de la vente autoroutes à Vinci et consorts parle de lui-même. Les autoroutes ont été vendues environ 10 milliards d’euros en dessous de leur prix de marché, et rapportent chaque année 4 à 5 milliards d’euros de dividendes aux actionnaires ! Idem pour l’aéroport de Blagnac, la vente des parts de l’Etat va rapporter aux actionnaires chinois 200
millions d’euros de plus-value, sans compter les centaines de millions d’euros de dividendes accumulées.
Nous aspirons à l’entraide, à placer les humains et la planète avant les chiffres
2. Mais dire non à la privatisation, c’est aussi dire que nous ne voulons plus du monde qu’ils incarnent, qu’ils promeuvent. « Concurrence », « croissance », « compétition », « déficit », «mondialisation » … Ces mots nous sont répétés comme des mantras, pour guider la société et nos existences, et pour vendre à la découpe nos biens nationaux. Ces mots sont désormais des mots cadavres… Nous n’y croyons plus. Nous n’en voulons plus : ils creusent notre tombe écologique. Nous aspirons, au contraire, à la coopération, à l’entraide, à placer les humains et la planète avant les chiffres, il en va de notre survie commune.
Pour nous, la démocratie, c’est la reprise en main de notre destin commun
3. Enfin, autour d’ADP et du référendum d’initiative populaire qui vient, c’est la démocratie qui est en jeu. Pour le gouvernement, la démocratie, c’est quand ils s’arrangent en famille, quand ils confient les bijoux de l’Etat à leurs amis, et qu’ils en retirent des prébendes et des dividendes. La voilà, la démocratie qu’ils apprécient. Pour nous, au contraire, la démocratie, c’est la reprise en main de notre destin commun. Et il faut bien commencer par un bout, même petit : alors allons-y par le bitume des aéroports de Paris. Avant de passer à nos écoles, nos champs, nos hôpitaux, nos tribunaux, nos forêts…
Aéroports de Paris : un fleuron de la puissance publique française
Marie-Christine Dalloz
Député de la deuxième circonscription du Jura et secrétaire de la commission des finances
Alors que vient d’être adoptée définitivement la loi Pacte sur la croissance et la transformation des entreprises prévoyant la cession d’ADP, cette opération voulue par le Président de la République apparaît contestable à bien des égards. Lors de l’examen du texte en commission, puis en séance publique, tous les groupes d’opposition ont alerté le Gouvernement et exprimé leurs plus vives inquiétudes sur l’impact hautement négligeable d’une telle initiative tant au plan économique qu’au niveau de l’aménagement du territoire.
La gestion d’un groupe aéroportuaire est une question d’intérêt général
Un aéroport représente une infrastructure stratégique, vision partagée par la plupart des pays européens pour lesquels les aéroports restent pour l’essentiel propriété de la puissance publique. Plateforme d’échanges et d’ouverture sur le monde, la gestion d’un groupe aéroportuaire est une question d’intérêt général : elle relève de l’essence même de l’Etat, la gestion des frontières.
Ainsi la société ADP, dont la rentabilité s’avère croissante, exploite en sus des aéroports parisiens, dix autres aérodromes en Ile-de-France et possède des participations dans les aéroports d’Amsterdam-Schiphol ou encore d’Istanbul-Atatürk ; ce qui en fait le 2ème hub européen après Londres-Heathrow en nombre de passagers avec 69.5 millions de passagers en 2017 (1).
Paris : bientôt 1er hub européen
De nombreux projets de développement sont notamment en cours, pour permettre à Paris de se positionner comme le 1er hub européen : à titre d’exemple, l’aéroport d’Orly connaît des évolutions importantes portées par le projet « Cœur Orly » qui prévoit 15 hectares de quartier d’affaires international et une plateforme multimodale faisant arriver 2 lignes de métro du Grand Paris et le TGV au cœur de l’aéroport.
La position centrale des aéroports de Paris en Europe devrait donc se consolider encore davantage et devenir un des principaux pôles d’attractivité économique du pays : les trois plateformes aéroportuaires parisiennes ont à elles-seules soutenu 570 860 emplois directs et indirects, soit 2.2% de l’emploi en France et représenté une création de richesse estimée à 30.3 milliards d’euros, soit 1.4% du PIB français en 2016 (2).
Un soutien pour de nombreux emplois directs et indirects
Les aéroports de Paris constituent ainsi une véritable porte d’entrée, frontière extérieure de l’Union Européenne avec des enjeux en matière de sûreté et de sécurité importants pour la France.
Par conséquent, le poids économique et social des aéroports de Paris justifie que leur exploitation soit reconnue comme relevant d’un service public national, l’aspect sécuritaire renforçant cette nécessité.
Ajoute ton argument ou vote pour le plus pertinent !
Pour aller plus loin
☞ signer la pétition contre la privatisation d’ADP dans le cadre du RIP OU lire le dossier complet de la loi PACTE sur le site du gouvernement
⚇ lire la critique de l’éditorial de Le Monde sur la procédure de référendum d’initiative partagée en cours
▶︎ regarder l’émission Cdansl’air « Aéroports à vendre…la bonne affaire ? » sur Youtube
Si vous avez lu jusqu’ici
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