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Taxer les robots pour éviter le chaos
La taxation directe des robots n’est pas une fin en soi. Sinon, pourquoi ne pas également taxer les presse-agrumes, toasters et aspirateurs? L’objectif d’une taxation des robots n’est en outre pas de pénaliser l’innovation technologique qui secrète productivité et création de richesses. Néanmoins, le partage inéquitable des gains de productivité justifie amplement de se préoccuper des conséquences de la robotisation accélérée que connaissent des pans entiers de notre économie. Le régulateur et le législateur doivent protéger le travailleur car c’est évidemment le cadre supérieur et le détenteur de capitaux qui seront les principaux bénéficiaires de ces gains de productivité.
Une protection pour les travailleurs et un partage équitable des gains de productivité
La fiscalité robotique en question doit ainsi avoir pour objectif –non de ralentir l’innovation ni de saper l’automatisation– mais de soulager le salarié qui perdra son emploi ou qui sera moins rémunéré par l’apparition du robot. La question des questions, d’ordre quasiment philosophique, consistera à utiliser à bon escient la fiscalité afin de mieux répartir la richesse secrétée par cette robotisation. En effet, comme elle annonce un changement de paradigme où le travail s’efface définitivement derrière le capital, il est impératif de diriger une plus grande partie de ce capital vers les travailleurs sinistrés. C’est à un travail d’équilibriste que seront donc prochainement confrontées nos autorités car cette taxation des robots (dans un pays donné) ne manquera pas de provoquer une escalade de la compétition fiscale aboutissant à une délocalisation des entreprises vers les nations n’ayant pas (encore) instauré une fiscalité spécifique.
Il faut y réfléchir dès maintenant pour financer ensuite les emplois où l’humain est indispensable
Toujours est-il que, dans un contexte où notre futur immédiat sera peuplé de robots à même de pratiquer des opérations chirurgicales ou de remplir des déclarations d’impôts, ce virage civilisationnel doit impérativement être bien négocié afin d’éviter à nos pays – d’ores et déjà subissant un climat général délétère et meurtris par les inégalités – de plonger dans le chaos social. N’est-il pas naturel de réfléchir à la taxation des robots alors que le salarié, lui, s’acquitte de toute la palette des impôts en vigueur au sein de nos économies occidentales? Dans un contexte où la robotisation en est d’ores et déjà à fabriquer des hamburgers dans certaines entreprises de la Silicon Valley hors de toute intervention humaine, la taxation des robots – de plus en plus nombreux à accomplir les tâches humaines – permettra de financer des emplois où l’empathie et où la présence humaines sont indispensables.
L’Etat ne doit pas céder devant les pressions des entreprises
Le devoir de l’Etat est donc de préparer au mieux des intérêts du citoyen cette transition vers le règne de la machine-productrice, quitte à en retarder l’échéance à la faveur de l’arme de la taxation. Il ne devra surtout pas céder aux inévitables pressions exercées sur lui par les entreprises qui agiront en vue d’alléger – voire de supprimer – toute imposition ciblant leurs robots. C’est uniquement à ce prix là que le progrès technologique ne sera pas perçu comme une malédiction par le plus grand nombre.
Il ne faut pas se priver de la richesse de l'automatisation
À chaque mécanisation, à chaque automatisation, une tâche auparavant faite par l’homme disparaît au profit de centaines faites par une machine. Ce gain évident, surtout lorsque la tâche ainsi mécanisée était pénible ou répétitive, attriste néanmoins certains – souvent les mêmes qui, juste avant, fustigeaient l’avilissement de l’homme dans ces tâches rémunérées mais abrutissantes – qui sont alors prompts à pointer la perte d’un emploi, leur but étant évidemment le salaire sans la tâche.
La taxe robot diminue le pouvoir d’achat des consommateurs
Et pour ceux-là, une solution pratique : taxer les robots. Dans l’idée, la taxe permet de payer pour ces chômeurs. Pour eux, tout est simple : en taxant les robots, ce sont les robots ou leurs propriétaires qui paieront, tout comme taxer le lait oblige les vaches ou les paysans à payer, pardi !
Dans la réalité, de même que la taxe sur le lait n’est payée ni par la vache, ni par le paysan, la “taxe robot” n’est payée ni par le propriétaire, ni par l’entreprise mais par le consommateur final, lorsqu’elle est entièrement reportée dans le prix du bien ou du service que le robot produit. En définitive, la taxe renchérit les produits finis, rend la vente plus difficile et diminue le pouvoir d’achat des consommateurs… Et à la fin, elle crée de nouveaux des chômeurs !
La taxe robot va créer des déséquilibres entre la concurrence
D’autre part et toujours dans le monde réel, taxer les robots introduit immédiatement une asymétrie entre ceux qui pratiquent cette taxe, forcément présentée sous un tour moral – les clients apprécieront de se faire moralement grignoter leur pouvoir d’achat – et ceux qui ne la pratiquent pas et ont dès lors un avantage concurrentiel de plus en plus fort.
Dès lors, cette taxe ne peut pas fonctionner sauf à la faire s’appliquer au plus grand nombre de pays possible. Malheureusement, le premier réfractaire gagne l’occasion de vendre moins cher que les autres, de rafler des marchés et d’emmagasiner de la richesse au détriment des autres pays. Chaque citoyen de chaque pays comprendra vite que taxer les robots reste une solution de très court terme qui mène surtout à l’appauvrissement du pays taxeur.
Une solution de court terme non bénéfique pour l’économie
Mais surtout, pourquoi se priver d’une richesse que l’automatisation apporte ? Qui ne veut pas limiter ses efforts ? Quel politicien veut au contraire augmenter la peine de ses concitoyens ? Quel pays choisit sciemment d’orienter sa population vers les tâches les moins nobles, à plus faible valeur ajoutée ? Toutes celles qui ont choisi ce chemin ont appauvri ou affamé leurs populations. Quelle bonne idée !
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