Théorie du Donut : la solution pour un futur durable ?

Vous l’avez déjà lu et vu souvent. Vous avez même probablement fait ce constat vous-même de nombreuses fois : les ressources naturelles s’épuisent et les inégalités se creusent. Pour beaucoup, notre modèle économique actuel est devenu insoutenable pour les populations et la planète. Et vous vous êtes alors probablement demandé quelle était la solution à ces défis.

L’organisation OXFAM en a élaboré une. Elle prend la forme d’une théorie au nom surprenant : la Théorie du Donut. Élaborée par l’économiste Kate Raworth, cette théorie économique vise à assurer les besoins essentiels des êtres humains tout en tenant compte des limites planétaires.

Selon cette théorie, un monde juste et durable doit se situer dans l’espace entre :

• un plancher social de droits humains essentiels à la dignité. C’est le cercle intérieur du Donut.  

• un plafond environnemental déterminé par les limites planétaires. C’est le cercle extérieur du Donut.

La partie centrale du Donut est l’espace juste et sûr pour l’humanité, le bon équilibre à avoir. Plus nous nous penchons sur les rebords extérieurs de cette pâtisserie, plus nous atteignons les limites environnementales de notre planète, tels que les changements climatiques, les pollutions et l’épuisement des énergies fossiles. Plus nous inclinons vers l’intérieur du Donut, plus nous atteignons le plancher social dans lequel les limites relèvent des droits humains et des besoins essentiels pour assurer l’épanouissement de chacun : l’éducation, la nourriture, l’eau ou encore l’équité sociale. 

Comment rester dans les limites acceptables ? 

Selon OXFAM, plusieurs actions doivent être menées simultanément pour nous permettre de nous maintenir dans ces limites acceptables. 

Assurer les besoins humains de base par les services publics 

Pour OXFAM, les services publics sont l’un des vecteurs les plus puissants d’égalité, offrant à toutes et tous une chance équitable de mener une vie décente, indépendamment de sa fortune ou de ses revenus. Pour l’organisation, il est indispensable que l’Etat assure les financements nécessaires en matière de santé, d’éducation et de protection sociale. Or OXFAM constate que les différentes politiques d’austérité ont entraîné des coupes importantes dans les services publics. Pour prendre l’exemple de la santé, depuis  2013, la France a fermé 18 000 lits d’hôpitaux, et se situe parmi les derniers du classement de l’OCDE en termes de rémunération des infirmières et infirmiers. 

Respecter les limites planétaires 

La crise climatique est aussi une crise des inégalités : 10% des plus riches de la planète émettent la moitié des gaz à effet de serre mondiaux. Pourtant, ce sont les personnes les plus vulnérables qui subissent le plus directement les conséquences du réchauffement climatique, en particulier les femmes et les habitants des pays les plus pauvres. Pour OXFAM, il est indispensable, d’une part de contraindre les Etats et les entreprises à baisser drastiquement leurs émissions de CO2, conformément aux traités internationaux, d’autre part de financer l’adaptation des pays les plus vulnérables aux conséquences du réchauffement climatique.  

Transformer nos systèmes agricoles et alimentaires 

Le système agricole et alimentaire actuel ne permet ni de nourrir les humains, ni de régénérer les terres.  Alors que nous produisons assez de nourriture pour alimenter 1,5 fois l’humanité, on estime qu’1 personne sur 9 souffre de la faim, situation qui pourra rapidement se trouver lourdement aggravée avec les conséquences de la guerre en Ukraine. Selon OXFAM l’accaparement des ressources agricoles par un nombre restreints d’acteurs ne permettrait pas aux productrices et producteurs de vivre de leur production. Ce système provoquerait également la destruction des sols, des eaux, de l’air et de la biodiversité. OXFAM préconise une réforme en profondeur du système agricole et alimentaire pour favoriser les productions agroécologiques durables et locales. 

Réguler les grandes entreprises  

OXFAM milite également pour une plus juste répartition des richesses au sein des grandes entreprises. Oxfam demande notamment au gouvernement de fixer des règles contraignantes aux grandes entreprises : plafonner les versements de dividendes, limiter les écarts de salaire, revaloriser les métiers à prédominance féminine,  ou encore rendre obligatoire la transition écologique des entreprises en respect de l’Accord de Paris. 

S’attaquer aux inégalités femmes-hommes 

Dans le monde,  les hommes détiennent 50 % de richesses en plus que les femmes. En France, les hommes gagnent en  moyenne, tous postes confondus, 23 % de plus que les femmes. Oxfam plaide pour une approche résolument  féministe dans la conduite des politiques publiques : décharger les femmes du travail domestique, renforcer le service public de la petite enfance, revaloriser les métiers du soin qui sont très mal rémunérés et où les femmes sont majoritairement présentes, remédier à la sous-représentation des femmes à la  tête des entreprises, mais aussi sanctionner les entreprises qui ne respectent pas la loi sur l’égalité professionnelle.

Une fiscalité plus juste : taxer les plus riches 

Alors que les inégalités s’accroissent en France et dans le monde, OXFAM juge qu’il est urgent de mieux collecter l’impôt, et de façon plus juste. Pour cela, il préconisent une grande réforme fiscale : rétablir un impôt sur les grandes fortunes, réformer l’impôt sur les successions en taxant davantage les super héritages des multimillionnaires, mais aussi veiller à ce que l’impôt mondial sur les multinationales atteigne un niveau décent. En effet, le taux de 15%, compromis international récemment trouvé, leur semble largement insuffisant.