Sommet des BRICS, élection en Colombie, séisme en Afghanistan, … Que s’est-il passé dans le monde cette semaine ?

Un globe entouré des différents sujets (séisme afghanistan, gustavo petro, ...)

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Car il se passe aussi des choses loin de nos frontières. En 10 infos, on vous résume (presque) toute l’actualité internationale de la semaine !

1. Gustavo Petro amène pour la première fois la gauche colombienne au pouvoir

Pour la première fois de son histoire, la Colombie a élu un socialiste au poste de président. Gustavo Petro (coalition du Pacte Historique) a remporté ce dimanche l’élection présidentielle avec 50,44 % des voix devant le milliardaire sans parti Rodolfo Hernandez (47,31 %). L’ancien guérillero du M19, un mouvement de guérilla entre 1974 et 1990, a été député, sénateur et maire de Bogota avant de réussir à devenir président à sa troisième tentative.

Il a été poussé par les Colombiens qui sont venus en nombre au bureau de vote (58 % de participation, score le plus haut depuis 1997). Francia Marquez, la nouvelle vice-présidente, est également un signe de ce changement. Afro-descendante, elle se définit comme féministe et écologiste. L’ancienne femme de ménage a déclaré : « Après 214 ans, nous avons obtenu un gouvernement du peuple, le gouvernement des gens de rien de Colombie.» 

https://twitter.com/FranciaMarquezM/status/1538737033589493767

Pourtant, Gustavo Petro devra affronter un Parlement hostile de majorité conservatrice et libérale. Pour la première fois depuis deux siècles, aucun candidat de droite n’a atteint le second tour mais ils conservent une forte emprise sur le Congrès. La priorité du nouveau président est de baisser les inégalités sociales qui ont grandi pendant la crise sanitaire. Il a également l’objectif d’appliquer réellement les accords de paix signés avec les Farcs en 2016. Gustavo Petro propose de débuter la transition écologique, rénover les systèmes de santé, les retraites publiques et rendre les universités gratuites.

Gustavo Petro, nouveau président colombien
Joe Biden a été l’un des premiers dirigeants à féliciter Gustavo Petro (© Gustavo Preto)

2.  Le Maroc et les États-Unis réalisent un exercice militaire inédit en Afrique

Du 20 au 30 juin, les États-Unis et le Maroc effectuent un exercice militaire. « African Lion 2022 » est le plus grand exercice réalisé sur le continent africain. L’opération a lieu principalement au Maroc avec quelques manœuvres en Tunisie, au Sénégal et au Ghana. 7 500 soldats venus de dix pays (France, Royaume-Uni, Tchad, Israël, Brésil, …) sont mobilisés. Des observateurs de l’OTAN sont notamment présents pour superviser l’opération. L’objectif du commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom) avec cet exercice est de « renforcer nos capacités communes de défense pour contrer les menaces transnationales et les organisations extrémistes violentes ».

La plupart des manœuvres ont lieu près de Rabat avec des missions terrestres, aéroportées, aériennes, maritimes et de décontamination NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique). Des parachutages sont également prévus près de Tindouf, base des indépendantistes du Front Polisario en Algérie. Cette opération est vue d’un mauvais œil en Algérie. La question du Sahara occidental est une source de tension entre le Maroc et l’Algérie depuis plus de 45 ans. Alger soutient le Front Polisario pour l’indépendance du territoire tandis que Rabat revendique sa souveraineté sur le Sahara occidental. L’Algérie a d’ailleurs rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021.

Les États-Unis et le Maroc sont à la tête du plus grand exercice militaire sur le continent africain
Le général de division de l’armée américaine Andrew Rohling visite le centre des opérations conjointes du quartier général de la zone sud avec le général Belkhir El Farouk, inspecteur général des forces armées royales marocaines (© Donald Franklin)

3. L’islam ne sera plus la religion d’État en Tunisie

La Tunisie s’apprête à changer une nouvelle fois sa Constitution. Le président Kaïs Saïed vient de recevoir un projet de la nouvelle Loi fondamentale et devrait la présenter prochainement. Cette Constitution devrait être proposée par référendum le 25 juillet. Elle vise à remplacer celle de 2014 qui avait établi un système hybride entre le Parlement et l’exécutif. Le projet est critiqué par l’opposition qui considère que Kaïs Saïed veut un État formé sur mesure et accentuer la « présidentialisation » du système tunisien.

La mesure qui fait actuellement grand bruit en Tunisie c’est la place de l’islam dans la future constitution. Ce mardi, le président a déclaré : « Dans la prochaine Constitution de la Tunisie, nous ne parlerons pas d’un État dont la religion est l’islam mais (de l’appartenance de la Tunisie) à une Oumma (nation) dont la religion est l’islam. La Oumma et l’État sont deux choses différentes ». Cette décision serait une première dans le pays. Sadok Belaïd, le juriste qui dirige la commission chargée de la rédaction du texte, a annoncé vouloir limiter le pouvoir des partis d’inspiration islamiste comme Ennahdha.

Kaïs Saïed, président tunisien
Élu à la surprise générale en 2019, Kaïs Saïed a bâtit son projet sur le rejet du Parlement (© Houcemmzoughi)

4.  Une étrange spirale bleue inquiète la Nouvelle-Zélande

Dimanche soir, certains néo-zélandais ont été surpris d’observer une énorme spirale de lumière bleue dans le ciel. De nombreux habitants ont donc commencé à développer des théories sur ce phénomène (ovnis, trous noirs, fusées, …). Mais non, ce n’étaient pas les aliens qui passaient près de notre planète. La spirale était due à un lâcher de carburant d’une fusée Falcon 9 de Space X. L’entreprise d’Elon Musk a lancé une fusée ce dimanche pour mettre en orbite le satellite Globalstar. 

https://twitter.com/_AstroErika/status/1538790186531885056

Elle a largué sa cargaison mais elle a également lâché du carburant en même temps ce qui a permis d’observer cette spirale dans le ciel. Cette décharge de carburant a provoqué un nuage de vapeur qui reflétait la lumière du soleil. Un événement qui n’est pas inhabituel puisque « des effets similaires ont déjà été observés, et le Globalstar de SpaceX était susceptible d’avoir dépassé la Nouvelle-Zélande à ce moment-là » selon la New Plymouth Astronomical Society.

Une spirale bleue a été aperçu en Nouvelle-Zélande
Une spirale similaire avait été aperçu en France en avril dernier (© Alasdair Burns)

5. Grande mobilisation en Géorgie pour adhérer à l’Union européenne

La Géorgie a envoyé un message fort à l’Europe ce lundi. D’après l’AFP, environ 120 000 manifestants ont défilé dans les rues de la capitale Tbilissi pour demander le statut de candidat à l’adhésion à l’Union européenne. Vendredi dernier, la Commission européenne a donné un avis favorable pour le statut de candidat à l’Ukraine et la Moldavie mais elle l’a refusé pour la Géorgie. 

Elle a recommandé d’offrir la « perspective » d’une intégration future et de mener de nombreuses réformes pour pouvoir y prétendre à l’avenir. En effet, les 27 États membres doivent se prononcer définitivement sur les statuts de candidats à l’issue du sommet européen qui a lieu le 23 et 24 juin. Le parti au pouvoir, Rêve géorgien, s’est dit « heureux » d’avoir une « feuille de route concrète » mais regrette cette décision. 

120 000 personnes étaient réunis dans les rues de la capitale pour soutenir le projet européen
Plus de 80 % de la population géorgienne est favorable à une adhésion à l’Union Européenne (© Shamemovement)

Les associations pro-européennes et les partis d’opposition ont donc décidé d’envoyer un signal fort avec cette large mobilisation des Géorgiens. Shota Digmelashvili, militant des droits humains, a annoncé : « Nous formulons nos demandes au gouvernement et s’il ne les satisfait pas, une résistance non violente balaiera tous ceux qui font dérailler la Géorgie de son chemin européen. » Un nouveau rassemblement est prévu vendredi.

6. La Chine préside le Sommet des BRICS

Ce jeudi, Xi Jinping, le dirigeant chinois, préside en visioconférence le 14ème sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Le thème de cette rencontre (virtuelle) est de « favoriser un partenariat des BRICS de haute qualité, inaugurer une nouvelle ère pour le développement mondial ». En effet, ce sommet a lieu quelques jours avant le sommet du G7 (26-28 juin) et de l’OTAN (29-30 juin). La Chine et la Russie souhaitent développer un réseau des pays du Sud pour pouvoir concurrencer le G20 ou les sommets occidentaux. 

De nouveaux pays

Depuis 2017, les cinq pays membres ont décidé d’élargir le cercle avec la création des «BRICS Plus ». Des pays partenaires seront présents en visioconférence. L’Argentine, l’Égypte, l’Indonésie et le Kazakhstan ont dialogué avec les BRICS pour participer au sommet. Cet évènement sera la première réunion internationale de Vladimir Poutine depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Il sera également déterminant pour Pékin. À l’heure où la tension monte avec Taïwan et les États-Unis, la Chine vient de mettre à l’eau son troisième porte-avions.

Le sommet des BRICS en 2018 était le dernier rendez-vous en présence au Sénégal
Le dernier sommet des BRICS en présentiel date de 2018 au Sénégal (© Papa Matar Diop)

7. Deux séismes font plus d’un millier de morts en Afghanistan

Dans la nuit de mardi à mercredi, deux séismes, d’une magnitude 5,9 et 4,5, ont frappé le sud-est de l’Afghanistan. Les provinces de Paktika et de Khost, proches du Pakistan, sont particulièrement touchées. Au moins un millier de personnes sont décédées et le bilan pourrait encore s’alourdir. Plus de 2 000 habitations auraient été détruites. Mohammad Abbas Akhund, le ministre des catastrophes naturelles, a expliqué : « Une grande partie de la région est montagneuse et les déplacements sont difficiles. Cela prendra du temps pour transporter les morts et les blessés. »

Les secousses ont été ressenties jusqu’à Kaboul, 200 kilomètres au Nord de l’épicentre, et au Pakistan. Les services de secours des talibans sont assez limités et ne sont donc pas en capacité de gérer une catastrophe naturelle de cette ampleur. « Il pleut aussi et toutes les maisons sont détruites. Il n’y a ni tentes ni nourriture. Des gens sont encore piégés sous les décombres (…) Nous avons besoin d’une aide immédiate », a rapporté Mohammad Amin Huzaifa, chef du service de l’Information et de la Culture de la province de Paktika. L’Union européenne a annoncé être prête « à fournir une aide d’urgence ». En 2002, un séisme de magnitude similaire avait fait un millier de morts en Afghanistan.

Le drapeau de la république afghane dans la région de Paktika
Les sauveteurs tentent toujours d’aider les victimes mais ils sont limités par le terrain montagneux, le manque de capacité et les pluies diluviennes

8. Graves pénuries de carburant au Sri Lanka, le pays plonge dans le chaos

85 % des stations-service du Sri Lanka sont à sec et le pays est au bord de la catastrophe. Le pays fait face depuis des mois à une crise économique sans précédent. La famille Rajapaksa qui occupait la plupart des postes du gouvernement est tombée dans le piège de la dette chinoise. Le parti au pouvoir a lancé de grandes infrastructures, perçues comme inutiles, une réforme agricole qui a plongé le pays dans la disette, une baisse des impôts alors que les caisses de l’État étaient vides et que les réserves de carburant du pays ne dépassaient pas 5 jours..

Dans ce désordre total, des émeutes éclatent dans les stations essences du pays où les automobilistes font la queue pendant des heures, voire des jours. Des soldats sri-lankais ont même ouvert le feu pour contenir une émeute dans une station-service, faisant sept blessés.

Face à la pénurie de carburant, toutes les mesures en vue d’en économiser sont bonnes. C’est ainsi que les écoles et les administrations non essentielles ont fermé leurs portes le 20 juin pour deux semaines. Certains députés ne sont même plus en mesure de venir aux sessions parlementaires par manque de carburant. Le pays a également abaissé l’âge minimum requis pour que les femmes puissent travailler à l’étranger. Elles devaient attendre leurs 23 ans, elles peuvent maintenant partir à 21 ans pour pouvoir rapporter de l’argent à l’économie du Sri Lanka. Les devises étrangères ont été longtemps un revenu important pour ce pays.

Défaut sur la dette

Une délégation du FMI est actuellement à Colombo, la capitale, pour essayer de trouver des solutions à la crise. Le mois dernier, le pays a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars. Le gouvernement estime qu’il suffit de 6 milliards de dollars pour maintenir l’économie et ne pas sombrer dans la crise.

Gotabaya Rajapaksa marche devant ses troupes
La famille Rajapaksa est au pouvoir depuis plus de 20 ans (© Ministério da Defesa)

9. La plus grosse grève des cheminots britanniques depuis 30 ans

Plus de 50 000 salariés des chemins de fer sont en grève depuis mardi au Royaume-Uni. Seulement un train sur cinq circulait mardi dans tout le pays et le métro de Londres était également très affecté. Les perturbations sont attendues jusqu’à dimanche. Le syndicat RMT (National Union of Rail, Maritime and Transport Workers) annonce que c’est la grève la plus importante du secteur depuis 1989. Les dernières grosses grèves de la part des cheminots datent de l’ère Thatcher (1979-1990). 

Les syndicats réclament une hausse des salaires pour suivre l’inflation mais également une amélioration des conditions de travail. Le gouvernement conservateur a annoncé une coupe budgétaire de 4,6 milliards d’euros qui pourrait créer 2 500 licenciements. Grant Shapps, le ministre des transports, considère qu’il n’a pas à négocier et que le mouvement « va apporter souffrance et chaos à des millions d’usagers ».

Ce débrayage des cheminots va perturber les examens de fin d’études mais aussi des événements culturels comme le concert des Rolling Stones à Londres ou le festival de Glastonbury. Les transports au Royaume-Uni sont dans une situation difficile actuellement. Le secteur aérien fait face à de nombreuses annulations de vols à cause du manque d’employés. La grève pourrait également s’étendre aux bus et à de nombreux secteurs du pays (l’enseignement, la santé, la poste, ou les avocats).

La gare King's Cross de Londres
La gare King’s Cross de Londres (© Ann HS.)

10. Une importante crise sociale en Équateur

L’Équateur fait face à une violente crise sociale depuis 10 jours. Des milliers d’indigènes paralysent le pays avec des manifestations et des affrontements avec les forces de l’ordre. La revendication initiale était de faire baisser le prix du carburant. Cependant, la mise en place de l’état d’urgence par le président Guillermo Lasso a mis le feu aux poudres. La confédération des nationalités indigènes d’Équateur (Conaie) est la principale instigatrice de ce mouvement. Par le passé, elle a participé aux révoltes qui ont renversé trois présidents entre 1997 et 2005. Elle est réfugiée vers une université au nord de la capitale Quito.

La situation a pris une tournure dramatique puisque deux manifestants ont trouvé la mort ces derniers jours et 114 policiers ont été blessés. Dans la ville de Puyo, province amazonienne de Pastaza, 18 policiers sont portés disparus et trois sont retenus en otage après une attaque dans un commissariat. À Quito, l’armée a fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour réussir à garder le contrôle. Guillermo Lasso a fini par céder sous les feux des critiques. Il a fini par accepter de participer à une médiation qui était réclamée par plus de 300 organisations de la société civile.

Chute des exportations pétrolières

Les manifestants acceptent de dialoguer à condition que l’état d’urgence soit abrogé, que les répressions cessent mais également la démilitarisation des lieux de rassemblement des indigènes. Cette situation met en danger l’économie équatorienne. Principale exportation du pays, la production pétrolière a chuté d’environ 100 000 barils par jour (- 21 %). Chaque jour, l’économie perd environ 50 millions de dollars à cause des manifestations selon les chiffres officiels. Le prix de l’essence était déjà très élevé en Équateur malgré le gel des prix, il pourrait maintenant exploser avec la diminution de la production.

Des manifestants indigènes manifestent à Quito
Les affrontements sont de plus en plus violents entre les manifestants et les forces de l’ordre (© CONFENIAE)

 

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