Zoom sur… les questions soulevées pour un don du sang

Du 15 au 21 novembre l’Etablissement Français du Sang (EFS) a organisé sa première campagne de sensibilisation aux sangs rares afin de rappeler à la population française l’importance des dons. Seul organisateur public de récolte de sang dans le pays, le rôle social de l’EFS est primordial à la survie d’un nombre de personnes souvent sous-estimé par la population – comme par exemple les personnes atteintes de drépanocytose, qui ont fréquemment besoin de transfusions dû à la maladie qui touche leur sang. 

Le sang est un reflet des origines géographiques de chacun, certains types de sang seront plus sollicités dans certaines régions du monde que d’autres. C’est pourquoi le besoin de dons s’accroît et peut différer d’un continent à l’autre. En France par exemple, un baromètre des différents groupes sanguins est consultable sur le site de l’EFS afin d’informer le grand public sur les groupes sanguins les plus demandés aux donneurs et l’état de nos réserves.  On observe que ces dernières ont encore une marge significative avant d’atteindre un remplissage des stocks assez confortable pour l’EFS. Le groupe sanguin A+, notamment, est le plus répandu en France et ne trouve pas tant de donneurs au sein de notre population. L’EFS s’engage dans un nombre de campagnes de plus en plus croissant afin que nous aussi nous n’oublions pas de partager un des biens les plus vitaux que nous puissions posséder !

Les dons se classent en différentes catégories, permettant aux individus de donner leur plasma, leurs plaquettes ou leur sang intégral. Cette catégorisation permet de trier au préalable le parcours que suivra votre sang pour que la gestion des stocks soit optimisée. En effet, en plus de devoir être en capacité d’estimer les entrées de sang afin d’assurer les 10 000 demandes de don quotidiennes, l’EFS doit gérer le caractère périssable des produits sanguins.

C’est pourquoi un questionnaire préalable de capacité à donner son sang est disponible sur son site, afin de perdre le moins de temps possible : il est préférable que des personnes aspirant à donner leur sang ne se déplacent pas en centre de collecte inutilement si elles ne rentrent finalement pas dans les critères de donneurs potentiels. Parmi les questions posées aux donneurs potentiels, certaines peuvent paraître loufoques ! Alors aujourd’hui on décrypte pour vous les interrogations qu’elles pourraient susciter. 

Avez-vous déjà pris des drogues illicites et/ou substances dopantes par voie intraveineuse ?

Pour préserver la santé des patients et éviter la transmission d’éventuelles maladies infectieuses, vous ne pouvez pas donner votre sang, votre plasma, ni vos plaquettes, si vous avez un quelconque antécédent d’injection de produits stupéfiants par voie intraveineuse. Dans le cas d’usage de stupéfiants, certaines maladies émergentes telles que le VIH, l’hépatite B ou C peuvent être découvertes à posteriori. Selon le service d’hépatologie de l’hôpital Beaujon à Clichy, le nombre de personnes infectées par le virus de l’hépatite C (VHC) à travers le monde est estimé à 170 millions d’individus. Environ 75% des nouveaux cas de contamination par le VHC sont associés à l’usage de drogue intraveineuse.

On remarque tout de même que dans cette formulation, on parle spécifiquement d’un usage de stupéfiants par voie intraveineuse mais qu’en est-il du cannabis ? La plateforme drogues-infos-service.fr préconise par-dessus tout d’être transparent avec le personnel de santé réalisant l’entretien préalable au don, pour pouvoir jauger le type de consommation que pratique le potentiel donneur. D’un point de vue concret, elle recommande d’attendre 2 jours à partir de la dernière prise de drogue pour effectuer un don – dans le cas d’un fumeur occasionnel. Effectivement, si le tétrahydrocannabinol (le principe actif de la substance) met cinq jours à disparaître des urines, il n’est plus présent dans le sang sous moins de 24 heures.

Avez-vous fait un tatouage ou un piercing (oreilles comprises) dans les 4 derniers mois ?

Pour éviter tout risque de transmission d’infection liée à une éventuelle mauvaise stérilisation du matériel, il convient d’attendre 4 mois après un tatouage ou piercing pour pouvoir donner. L’aiguille traversant la barrière cutanée provoque une situation à risque car, sans certitude de changement d’aiguille entre plusieurs clients, un manque de stérilisation pourrait entraîner la transmission de bactéries ou de virus – pouvant atteindre une gravité conduisant à la contraction du VHB ou VHC. Dans le cas d’un salon manquant d’hygiène comme dans l’exemple cité, quatre mois est une durée suffisante pour savoir si le potentiel donneur tatoué ou percé a contracté un virus, qui sera détectable lors des tests de dépistage faits sur les poches de sang à transfuser.

Avez-vous subi une fibroscopie gastrique, ORL, pulmonaire fibroscopie Coloscopie dans les 4 derniers mois ?

Ces différents types d’examens médicaux sont assimilés à des interventions chirurgicales. Afin de préserver la santé du donneur, il est recommandé de respecter un délai de quatre mois après l’intervention. Ces pratiques consistent, en effet, à l’insertion d’un corps étranger dans le corps du patient pour obtenir des réponses face à des symptômes médicaux. Parfois, une anesthésie entre en jeu. D’où l’assimilation à une opération.

Peut-on donner son sang sans pass sanitaire ?

La réponse est oui ! Sans aucun vaccin, ni aucun test vous pouvez vous présenter dans un centre de collecte. Rien ne vous sera demandé. Les seules précautions prises concernent les gestes barrière ainsi qu’une attente de 14 jours – dans le cas d’un test covid positif ou, si vous avez présenté des symptômes, à partir du dernier jour où vous en avez ressentis.

Avez-vous séjourné au Royaume-Uni plus d’un an cumulé entre le 1er janvier 1980 et le 31 décembre 1996 ?

À un jour près, on peut parler d’une période de dix-sept années qui empêcherait de donner son sang. Quel phénomène pourrait impliquer une telle mesure ? Et bien c’est la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) qui est au cœur de cette question. Plus connue sous le nom de “maladie de la vache folle”, elle se caractérise par une démence et des troubles de l’équilibre.

Quel lien avec le sang ? La maladie de Creutzfeldt-Jakob  est une maladie à prions, variante humaine de la maladie à prions transmise sur les espèces bovines. Ce type de maladies est un des rares à pouvoir contaminer des êtres-vivants d’espèces différentes. Elle est due à l’accumulation dans le cerveau d’une protéine normalement exprimée, mais mal conformée – ce qui conduit à une détérioration des neurones. On découvre que des patients étaient porteurs de cette maladie en période post-mortem, et aucun vaccin ou moyen de contrer l’évolution de la maladie n’a encore été trouvé malgré des recherches encore en cours. Parmi tous les tests faits, certains, lancés sur des moutons, ont permis de démontrer que le prion pouvait être transmis par voie sanguine.

Afin de ne pas prendre de risque, les gouvernements Américains, Canadiens et Français se sont alignés dès le début des années 2000 pour mettre en place une stratégie d’hyper précaution empêchant toute personne ayant séjourné pour de longues durées au Royaume-Uni de 1980 à 1996 de donner leur sang. Le but premier étant de limiter tout risque de contamination de la part de personnes ayant peut-être consommé des hautes doses de protéines britanniques, à des personnes ayant besoin de transfusions sanguines.

Avez-vous eu des soins dentaires depuis moins de 24 heures (carie, détartrage), un traitement de racine ou une extraction dentaire depuis moins d’une semaine ?

Dans le cadre de soins dentaires ou d’extractions, des bactéries passent transitoirement dans le sang du donneur. Ces bactéries présentent un risque pour le receveur. Il est donc préférable d’attendre un peu avant de faire un don.

Bien sûr, beaucoup d’autres questions vous sont posées afin de vous laisser donner votre sang. Mais ici, vous avez la compilation des questions auxquelles on ne pense pas forcément au moment d’aller en établissement de collecte ! Mais les critères de base restent ceux-ci : avoir entre 18 et 70 ans et peser plus de 55kg. Si tu rentres dans les clous, on t’invite à répondre au questionnaire publié sur les plateformes de l’EFS. Si tu ne matches pas avec les attentes dont on te fait part, en fonction de ce qui bloque ta possibilité de don, tu pourras soit retenter ta chance une fois ton problème réglé ou devenir ambassadonneur pour l’EFS, à toi de voir !

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