📋 Le contexte 📋
Même si des observations à caractère scientifique ont été menées sur les animaux depuis l’Antiquité, l’utilisation d’animaux de laboratoire de manière systématique a été généralisée depuis le début du XXe siècle.
Aujourd’hui, les animaux de laboratoire sont utilisés pour tester des nouvelles molécules, des nouveaux traitements ou médicaments contre différentes maladies. Pour cela, des animaux sont artificiellement contaminés, pour que les scientifiques puissent tester les nouveaux traitements sur d’autres êtres vivants que des êtres humains.
Selon les chiffres de la Commission européenne, environ 11,5 millions d’animaux font l’objet de tests médicaux en Europe tous les ans.
Pour la France, cela représentait 2,2 millions d’animaux en 2010. Sur ces 2,2 millions, 54 % étaient des souris, 15 % des poissons, 11 % des rats, et 5 % des lapins. Les animaux à sang froid représentent 15 % des animaux utilisés et les primates non humains 0,08 %.
Ces expérimentations sont encadrées par des normes européennes, déclinées en droit français par le décret 87-849.
La Commission européenne se doit d’examiner toute initiative citoyenne européenne (ICE) recueillant plus d’un million de signature. Or, une pétition nommée « stop vivisection » visant à interdire les expérimentations animales dans la recherche a recueilli 1,2 millions de signatures.
Le 3 juin 2015, la Commission européenne a rendu son avis sur cette pétition, indiquant qu’elle « partage la conviction que l’expérimentation animale doit être progressivement supprimée en Europe, mais son approche pour atteindre cet objectif diffère de celle proposée par l’initiative citoyenne européenne ».
En d’autres termes, elle rappelle les règles existantes, mais refuse d’interdire l’expérimentation animale dans la recherche.
🕵 Le débat des experts 🕵
A l’heure où L’Europe se dote de la réglementation la plus stricte au niveau international, en termes de protection des animaux de laboratoire, une minorité d’activistes radicaux, à l’origine de la pétition « stop vivisection », souhaite interdire toute utilisation de modèles animaux en recherche.
Les principaux arguments des pétitionnaires sont qu’aujourd‘hui la recherche biomédicale massacre inconsidérément un nombre démesuré d’animaux et en particulier de singes pour mener une recherche inefficace en ignorant les méthodes de substitution. Il est donc important de rappeler ici quels animaux, combien d’animaux, pourquoi a-t-on encore besoin d’utiliser des animaux et enfin comment utilise-t-on des animaux en recherche?
Quels animaux ? 80% de rongeurs (souris et rats essentiellement), 15% de poissons, 4% d’oiseaux, 0,2% carnivores, 0,05% de primates non humains.
Combien d’animaux ? En Europe, 12 millions d’animaux vertébrés sont utilisés par an, soit 1 animal pour 45 habitants par an. A titre de comparaison, nous mangeons 1 000 fois plus d’animaux tous les ans. Notons que, pour tout projet scientifique, le nombre d’animaux utilisés doit être limité à un minimum et statistiquement justifié auprès du comité d’éthique avant d’être autorisé.
Pourquoi ? L’utilisation de modèles animaux permettant d’étudier les fonctions intégrées a aidé à comprendre et traiter de nombreuses maladies. L’espérance de vie a quasiment doublé en un siècle (45 ans en 1900, 80 ans en 2015) et ce, grâce aux avancées prodigieuses des connaissances en biologie et à la mise au point de nombreux médicaments à partir de recherches chez l’animal.
Ceci s’explique par les très nombreuses homologies existant entre les espèces animales et l’Homme comme l’illustre le fait que plus de 60% des agents infectieux pathogènes pour l’Homme le sont aussi pour une ou plusieurs espèces animales.
Ainsi grâce à la recherche menée sur le modèle macaque (1 animal utilisé pour 34 000 personnes en Europe) des traitements efficaces contre le HIV puis Ebola ont pu être mis au point.
Comment utilise-t-on des animaux ? La réglementation est très claire : elle impose de n’avoir recours au modèle animal que si aucun autre modèle ne peut lui être substitué. Ces modèles substitutifs (cellules, tissus, modèles informatiques) sont en réalité très majoritaires. On utilise ainsi un excellent modèle de peau artificielle qui permet de s’affranchir du modèle animal, mais certains organes très complexes (comme le cerveau par exemple) ne peuvent pas se modéliser aujourd’hui. Peut-on sérieusement imaginer un modèle de maladie d’Alzeihmer, de maladie de Parkinson ou de dépression nerveuse sur des cellules in vitro ? Il est donc mensonger de laisser croire que les chercheurs utilisent des modèles animaux par facilité. C’est la combinaison d’un ensemble de méthodes avec et sans animaux qui permet d’augmenter les connaissances et de continuer de découvrir de nouveaux traitements contre les maladies.
Il faut environ 10 à 12 ans, depuis sa découverte jusqu‘à sa mise en vente, et 500 millions d’euros pour qu’un nouveau médicament soit utilisé. Par ailleurs, il est important de signaler que la plupart des composés (92 sur 100) qui semblent prometteurs chez les animaux de laboratoires, échouent au cours des essais cliniques (tests sur l’Homme).
Un taux d’échec aussi élevé révèle clairement que les animaux de laboratoires ne sont pas des modèles fiables pour prédire la toxicité et l’efficacité de nouveaux médicaments destinés à l’Homme et, ceci, malgré le fait que ces composés soient évalués sur deux espèces animales : un rongeur (généralement le rat) et un non rongeur (généralement le chien).
Les lois sont, en grande partie, responsables de ce triste état des lieux. Les bases de la loi encadrant les tests médicaux (la directive 2003/63/CE), qui exige toujours les tests sur animaux, se reposent sur le procès de Nuremberg, après la seconde guerre mondiale. Aussi, elle est très en retard en comparaison des progrès énormes qu’a connu la science depuis 65 ans.
Actuellement, la soumission de données issues de tests sur animaux est obligatoire alors que celles issues de tissus humains, comme la pharmacogénomique, n’est que facultative.
Toutefois, l’industrie pharmaceutique reconnaît l’importance de notre patrimoine génétique et qu’il est temps de soigner les gens selon le nouveau paradigme de la «médecine personnalisée», c’est-à-dire en tenant compte de l’ADN spécifique de chaque individu.
Il s’agit là d’une situation gagnante pour tous, puisque cela signifie des traitements plus ciblés pour chaque patient avec, par conséquent, moins d’effets secondaires.
On ne peut pas continuer à ignorer le fait qu’après les maladies cardiaques, les cancers et les accidents vasculaires cérébraux, les effets secondaires des médicaments représentent la quatrième cause de décès en France, soit environ 18 000 morts par an.
Quand il faut évaluer la toxicité des médicaments, les humains ne sont pas des rats de 70 kilos. Il est temps de dépasser la norme actuelle sur laquelle repose l’évaluation de la toxicité des médicaments.
La première étape serait de supprimer les exigences réglementaires pour les tests sur des animaux et de remplacer ces tests par des méthodes scientifiques dignes du 21ème siècle.