📋 Le contexte 📋
Le terme de « voiture électrique » regroupe toutes les automobiles qui utilisent un moteur électrique pour une partie ou pour l’ensemble de la propulsion. Ces véhicules ont un bien meilleur rendement énergétique que les voitures thermiques, mais leur moteur stocke moins bien l’énergie produite.
Plusieurs catégories de voitures électriques existent : les véhicules hydrides rechargeables (mixte d’un moteur thermique pour les grandes routes et d’un moteur électrique pour la ville), les automobiles à prolongateur d’autonomie (un moteur électrique est combiné à un thermique), les tout-électrique… Les différences se font sur l’autonomie de route et les taux de rejet de Co2.
Source : Connaissance des énergies
Les voitures électriques sont sujettes à discorde. Elles plaisent à certains, puisqu’elles ne rejettent pas de polluants dans l’air lors de leur utilisation, elles restent silencieuses et économiques dans le temps (prix du « carburant » moins cher, elles demandent peu d’entretien car le moteur est simplifié etc.).
Mais, elles sont aussi critiquées. Les batteries étant faites en lithium, la production et le recyclage des batteries posent problème. Leur autonomie de route reste aussi assez faible (jusqu’à 600 km d’autonomie). Enfin, ces automobiles coûtent plus cher à l’achat : rares sont celles qui ont un prix en dessous de 30 000€.
Source : Ecoconso
Les voitures électriques plaisent de plus en plus. En février 2020, les ventes de la Renault Zoe se sont envolées avec des ventes en hausse de 257%.
Au-delà des chiffres, ces véhicules sont mis en avant dans la lutte contre le réchauffement climatique puisque la voiture électrique émet moins que la thermique. Le gouvernement tend ainsi à encourager leur achat. Il a renforcé et mis en place des bonus écologiques pour l’achat des voitures électriques (7 000€ pour un particulier et 5000€ pour une personne morale), et pour l’achat d’un véhicule hybride rechargeable (2000€).
Sources : Turbo, Connaissance des énergies, RTL
🕵 Le débat des experts 🕵
Objectif neutralité carbone
Afin de s’aligner avec l’ambition de l’Accord de Paris de rester sous les +2 °C de réchauffement climatique d’ici 2100, la France s’est fixée pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cela implique de diviser les émissions françaises de gaz à effet de serre quasiment par 6.
La stratégie nationale bas-carbone (SNBC) prévoit pour le secteur des transports la sortie quasiment complète du pétrole. Alors qu’il représente actuellement plus de 90 % des consommations d’énergie, il devra être remplacé par de l’électricité, le biogaz, les biocarburants ou l’hydrogène.
L’électrique, bien adapté aux véhicules légers
La mobilité électrique étant particulièrement adaptée pour les véhicules routiers légers, il est logique que la stratégie française compte fortement dessus pour décarboner les voitures ou les deux-roues.
Au-delà de l’horizon de fin de vente des véhicules thermiques fixé à 2040, il faut des incitations à court terme pour orienter les achats vers les véhicules électriques, qui restent plus chers actuellement. Les aides à l’achat font partie de ces incitations.
Des limites à traiter
Le nécessaire développement du véhicule électrique ne doit pas faire oublier ses impacts environnementaux, et les nombreux problèmes (ou externalités) associés à la voiture : place occupée en ville et congestion, accidentologie, bruit, sédentarité, multiples pollutions…
La production des voitures électriques est plus émettrice de CO2 que celle des véhicules au pétrole, et équivaut à peu près à l’empreinte carbone d’un Français sur un an. En revanche, les émissions à l’usage sont moins fortes, et les analyses sur l’ensemble du cycle de vie du véhicule électrique montrent que les émissions sont environ 2 à 3 fois moins importantes pour l’électrique.
L’impact des batteries est particulièrement fort dans ces émissions, et leur production implique également des consommations de métaux et des pollutions environnementales importantes.
Une transformation plus large des mobilités
Les aides à l’achat de véhicules électriques doivent donc s’orienter vers les véhicules les plus légers, en favorisant les productions en France, et en évitant les batteries les plus lourdes. Aussi les aides devraient favoriser en priorité les modes les plus vertueux, dont les vélos (dont ceux à assistance électrique), peu aidés en comparaison des voitures.
Les inconvénients de l’électrique pointent aussi l’importance d’une transformation large de nos mobilités, au-delà d’un simple changement de motorisation : modérer les distances de déplacements, favoriser autant que possible les modes actifs, les transports en commun et le covoiturage, ou encore limiter les vitesses sur autoroute.
Seule une telle transformation globale permettra de tendre vers une mobilité vraiment durable et résiliente.
Il ne s’agit pas ici de défendre la voiture thermique (essence ou diesel) qui est, c’est bien connu, une calamité environnementale. Pour autant, il est parfaitement absurde et faux de prétendre que la voiture électrique serait « propre » ou « verte », et nous avons d’ailleurs fait retirer ces termes des publicités des principaux constructeurs (c.f Observatoire du Nucléaire).
Avant même qu’elle ne roule, la fabrication des batteries d’une voiture électrique émet en CO2 l’équivalent de 10 à 15 ans de circulation en voiture thermique (cf. étude de l’Ademe), sans oublier les conséquences dramatiques sur le plan environnemental et social des mines de lithium et autres matériaux nécessaires (c.f France 2, Franceinfo).
Par ailleurs, tout comme sa sœur thermique, la voiture électrique est émettrice de particules fines par ses pneus, ses freins et le goudron sur lequel elle roule (cf. Sciences et vie).
On voit donc que la voiture électrique est elle aussi une calamité environnementale même lorsque l’électricité utilisée pour la recharge de ses batteries est d’origine renouvelable… et c’est encore pire lorsque cette électricité est majoritairement produite par du charbon comme en Chine ou par du nucléaire comme en France : la voiture électrique est alors coresponsable de la production des déchets radioactifs et de la mise en danger de la population.
Certes, dans notre société souvent absurde et toujours aliénante, beaucoup de gens « doivent » bien avoir une voiture en particulier pour aller travailler. À ce compte, avoir une voiture électrique n’est ni pire ni meilleur que d’avoir une voiture thermique. De fait, et c’est bien là l’essentiel à retenir de notre propos, il est totalement injustifié de dépenser des sommes colossales d’argent public pour encourager l’achat de voitures électriques. C’est le cas des bonus prétendument « écolos » qui se montent parfois à plus de 10 000 euros (en cumulant aide de l’État et de la région par exemple), et des sommes insensées gaspillées par des milliers de communes pour s’équiper en bornes de recharge : demande-t-on aux communes de construire des stations services pour les voitures thermiques ?
Le pire est que ces dépenses absurdes profitent aux plus aisés : ce ne sont pas les chômeurs et les smicards qui s’offrent des voitures électriques mais essentiellement des urbains aisés qui peuvent ainsi parader sur fonds publics en prétendant rouler « propre »… en polluant en fait à la fois sur place et à des milliers de kilomètres…