Le cannabis thérapeutique doit-il être légal ?

Cannabis thérapeutique

Numéro 1

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Qu'est-ce que le cannabis thérapeutique ?
Le cannabis thérapeutique désigne le Cannabis sativa (désignation botanique du chanvre), et, par extension, l’ensemble des dizaines de « phyto-cannabinoïdes » destinés à un usage purement médical. Il est généralement prescrit pour ses vertus antiémétiques (contre les vomissements et nausées, effets secondaires de la chimiothérapie par exemple) mais aussi contre la douleur ou l’épilepsie.

Il peut se consommer sous plusieurs formes : gouttes, comprimés ou pommade.

Son usage médical n’est pas légal en France. On retrouve seulement le « Sativex » pour la sclérose en plaques. D’autres médicaments sont accessibles mais ne disposent pas d’autorisation de mise sur le marché français… ce qui complique le cadre réglementaire, juridique et médical d’une prescription.

Sources : Wikipédia , L’Obs

Quels sont les pays qui l'autorisent ?
Aujourd’hui, de plus en plus de pays commencent à légaliser le cannabis thérapeutique.
L’Uruguay a été le premier à légaliser à la fois le cannabis thérapeutique et récréatif.

En Europe et dans le monde, on compte le Canada, l’Australie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la République Tchèque, la Roumanie, la Finlande, le Chili, la Colombie, Israël.

Il est également légal aux États-Unis dans 23 États.

Sources : Wikipédia

Pourquoi on en parle en ce moment?
De plus en plus de spécialistes demandent sa légalisation pour des raisons sanitaires. Aujourd’hui, plusieurs patients utilisent le cannabis de manière illégale pour substituer d’autres « drogues » comme la morphine ou encore l’Efferalgan codéïné (issus du pavot/opium). D’autres voient en sa légalisation une possibilité de créer de l’emploi en France et alertent les politiques pour développer le marché rapidement avant que l’étranger soit plus compétitif.

Pour autant, plusieurs médecins et spécialistes toxicologues craignent une généralisation de son utilisation qui selon eux ont des effets dangereux pour la santé des patients (addiction, troubles mentaux). D’autres pensent que cela va mener à une légalisation de l’usage récréatif du cannabis.

Aujourd’hui, une expérimentation nationale ou locale est en débat en France. La Creuse s’est proposée comme candidate et attend la réponse.

Sources : Brut, L’Obs

Numéro 2

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LE « POUR »

La France viole les Droits fondamentaux en restreignant l’accès au Cannabis thérapeutique

Billet rédigé par :

Kenzi RIBOULET ZEMOULI

Responsable pôle recherche, FAAAT think & do tank (Favoriser des Approches Alternatives en matière d’Addiction, Think & do tank)
http://faaat.net/

La France se définit à l’international comme LE pays des droits humains. Or, lorsque l’on interroge la question de l’accès au Cannabis pour des fins médicales sous l’angle international, et à la lumière des droits humains, le tableau est moins reluisant.

Bien que le droit international sur les drogues impose un régime de prohibition du Cannabis à des fins « récréatives », les mêmes Conventions anti-drogues le décrivent comme “indispensable” pour la médecine et pour la recherche scientifique[1]. Par ailleurs, l’accès aux médicaments est un élément central du droit à la Santé, droit humain fondamental.

Cette dualité est cruciale : certains des outils de soins jugés les plus dangereux sont à la base de la médecine moderne, qui considère ressenti, santé mentale et bien-être comme les fondations d’une prise en charge qui cherche (en plus de l’objectif de guérison) à faire atteindre au patient « le meilleur état de santé physique et mentale possible »[2]. La gestion de la douleur, entre autres, est un élément clef dans cette approche moderne de la thérapie.

Oui, les stupéfiants sont essentiels dans la boîte à outils des professionnels de santé. La morphine par exemple est massivement utilisée en médecine en France. Personne ne le remet en question. Et la morphine est un stupéfiant, directement issu du pavot (ou Papaver), utilisé pendant des siècles en médecine traditionnelle sans que de jamais problème de santé publique n’ait été généré – CQFD cette autre plante : le chanvre (ou Cannabis), autre outil pour aborder d’autres maladies.

Est-ce par folie qu’une vingtaine de pays (dont la France) ont inscrit le Cannabis dans leur pharmacopée ? Est-ce par hasard que l’OMS[3] est en train de rédiger plusieurs rapports poussés sur le sujet ? Avant même la publication de ceux-ci, pas de doute sur leurs conclusions étant donné la masse de recherche allant dans le même sens – en particulier pour les douleurs neuropathiques, l’épilepsie, ou comme complément des traitements SIDA ou cancer.

Peur que le circuit médical soit dévié pour l’usage récréatif ? Alors régulons aussi, séparément, le marché du Cannabis non-médical, pour y couper court.

Peur que les patients deviennent dépendants du Cannabis ? Formons les médecins aux posologies et voies d’administrations adéquates.

Mais cessons de violer les droits fondamentaux des concitoyen.ne.s les plus fragiles. Assurons l’accès aux médicaments – et aux droits – pour les malades.

[1] Préambule de la Convention Unique sur les Stupéfiants de 1961 : « Les Parties [signataires], Soucieuses de la santé physique et morale de l’humanité, reconnaissant que l’usage médical des stupéfiants demeure indispensable pour soulager la douleur et que les mesures voulues doivent être prises pour assurer que des stupéfiants soient disponibles à cette fin »

[2] Les Nations Unies se réfèrent au droit à la Santé comme au « droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale et de bien-être possible »

[3] OMS : Organisation Mondiale de la Santé. Pour plus d’informations sur le processus d’étude du Cannabis entrepris par l’OMS, voir www.faaat.net/cannabis

LE « CONTRE »

Le cannabis ou l’un quelconque de ses constituants ne peut être élevé à la dignité de médicament

Billet rédigé par :

Jean Costentin

Docteur en médecine, pharmacien, docteur ès Sciences, professeur émérite de la faculté de Médecine & Pharmacie de Rouen

« Le cannabis : un faux médicament, une vraie drogue » (Académie de Médecine, 2010)
D’abord, ne soyons pas dupes de la confusion entretenue qui, pour amoindrir les dangers du cannabis, le travestissent en médicament ; ainsi ont fait tous les Etats qui l’ont légalisé à des fins « récréatives ».
Impensable son administration sous forme de « joints » ou de « pétards », qui sont plus cancérigènes (goudrons) et plus producteurs d’oxyde de carbone que le tabac (responsable de 79.000 morts par an en France) ; les cigarettes thérapeutiques sont bannies en France depuis 40 ans.

Le principe actif majeur du cannabis, le THC, a de multiples méfaits, désormais bien connus, que certains essaient d’occulter pour valoriser ses modestes effets à prétentions thérapeutiques.
Dans les nombreuses indications qu’ils revendiquent, la pharmacopée dispose d’authentiques médicaments, plus puissants et plus spécifiques.

Le rapport bénéfices/risques, qui fonde la dignité de médicament, met en balance les avantages que pourrait en retirer la pathologie à traiter avec les inconvénients et surtout les risques que comporterait son usage. Les effets du THC sont modestes, variés et donc sans spécificité d’action ; ce dont on ne se satisfait plus (exit les thériaques et autres panacées). Les risques sont multiples et, pour certains, très graves : ivresse, perturbations sensorielles (incompatibles avec la conduite des véhicules et l’exercice de diverses professions), troubles de l’équilibre, de la coordination des mouvements, des réflexes, de la mémoire à court terme, de la cognition; désinhibition avec prise de risques ; déclenchement de troubles anxieux, dépressifs, décompensation, aggravation d’une schizophrénie ; installation d’une addiction ; troubles cardio-vasculaires : artérite, angine de poitrine, 3 ième cause de déclenchement d’infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux ; effets épigénétiques transmis à la descendance…

Devant cette dévalorisation du « THC médicament », ceux qui avaient investi sur lui, recyclent en urgence le concept thérapeutique sur un autre constituant du cannabis, le cannabidiol / CBD, présenté comme diminuant les mauvais effets du THC et magnifiant ses effets recherchés (miracle de la phytothérapie !). Pour le démarquer du THC, ils le disent dénué d’effets psychotropes, lui décrivant néanmoins des effets anxiolytiques, antidépresseurs, antipsychotiques (comprenne qui pourra !). Enfin, à partir de données très préliminaires, il lui est imparti des effets antiépileptiques dans des formes graves d’épilepsies. Cet emballement médiatique très suspect, précède les indispensables études pharmacologiques, toxicologiques, cliniques et préjuge de leurs
résultats.

Une association de THC et de CBD (Sativex ® ) avait obtenu du ministère de la Santé, dans la hâte et l’enthousiasme, l’autorisation de mise sur le marché ; 5 ans plus tard, elle n’est toujours pas disponible dans les officines. Les commissions spécialisées ayant jugé depuis que son service médical rendu était insignifiant.
Dans la liste des « manipes » grossières jalonnant l’histoire du cannabis, gardons nous, pour la santé humaine, de ruiner le sérieux qui doit continuer de présider au développement de vrais médicaments innovants.

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