📋 Le contexte 📋
En France, en 2014, on comptait 144 millions de têtes de bovins dont 3,6 millions consacrés à l’élevage laitier. Chaque année, un français consomme en moyenne 25 kilos de viande bovine. Les Français sont aussi les premiers consommateurs européens de matières grasses laitières et de fromages (26,8 kg en 2015).
14 000 élevages produisent chaque année 23,8 millions de porcs. Un Français consomme en moyenne 33 kilos de porc par an, un quart sous forme de viande, trois quarts sous forme de charcuterie.
917 millions de volailles ont été abattues en 2017 en France, dont 82% de poulets. Chaque Français mange en moyenne 18,8 kilos de poulet par an.
Source : Alim’agri
Difficile de répondre à cette question simplement. Si on se rapporte à la réglementation, on distingue plusieurs types d’élevages en fonction de leur taille. Ils relèvent alors soit du Règlement Sanitaire Départemental (RSD) soit des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Au sein des ICPE, il existe plusieurs régimes (déclaration, enregistrement ou autorisation) qui entraînent des prescriptions différentes. Pour les plus grandes exploitations, celles soumises à autorisation, les seuils sont les suivants :
- Vaches laitières : 400
- Veaux de boucherie et/ou bovins à l’engraissement : 800
- Volailles : 40 000
- Porcs : 2000 porcs à l’engrais (+30kg) ou 750 truies
- Lapins : 20 000 sevrés
D’après le site ICPE du gouvernement, on compte aujourd’hui 2122 elevage de porcs, 909 elevages de volaille ou encore 729 elevages de bovins qui répondent à ce régime en France.
Les chiffres étant important dans ce genre de débats, nous vous invitons à apporter vos élements en les sourcant dans la partie « arguments ».
Ces dernières années, plusieurs projets d’élevages de grande taille ont fait l’objet d’une forte opposition, le plus connu d’entre eux étant le projet des 1000 vaches dans la Somme. Il y a peu, l’association Greenpeace publiait sur son site une cartographie de tous les établissements d’industrie agroalimentaire ICPE en les catégorisant de « fermes-usines » et appelant à la mobilisation. Les associations d’agriculteurs ont depuis dénoncé un amalgame et on rappelé la nécessité pour certains exploitants de rationaliser leurs exploitations.
Depuis, le débat est intense et on le prolonge ici !
🕵 Le débat des experts 🕵
Une exploitation de 1 000 vaches équipée d’une immense machine à traire, des bâtiments renfermant 2 500 truies et leurs porcelets, vivant au-dessus de leurs déjections, des hangars sans fenêtres où 40 000 poulets de chair vivent sur leurs excréments, 50 000 poules pondeuses entassées dans des cages : voilà le visage de l’élevage intensif, et il concerne aujourd’hui plus de 80 % des animaux élevés en France pour notre alimentation – soit plus de 800 millions chaque année.
L’élevage intensif, un concentré de souffrances
Dans les fermes-usines, les veaux, déchets de l’industrie du lait, sont séparés de leur mère juste après leur naissance et confinés dans des centres d’engraissement. Sélectionnés génétiquement, les poulets sont « optimisés » pour grossir toujours plus vite, engendrant boiteries sévères, problèmes cardiaques et pulmonaires. Les truies, elles, sont immobilisées par des barreaux en fer les empêchant de se retourner pour s’occuper de leurs petits. En pisciculture, les poissons peinent à trouver de l’oxygène dans des bassins bétonnés, sales et surpeuplés. Parmi ces animaux, un grand nombre ne survit pas à ces conditions d’élevage. Tous les autres seront tués à une cadence infernale dans les abattoirs.
L’élevage industriel, ennemi des animaux, des humains et de la planète
Émissions de gaz à effet de serre (14,5 % selon l’ONU !), déforestation et importation de soja, gaspillage de terres et d’eau (produire des protéines végétales demande bien moins de ressources !), pollution des eaux, émissions de nitrates (prolifération des algues vertes) et d’ammoniac (acidification des sols et des cours d’eau) : l’impact de l’élevage industriel sur l’environnement est majeur. Il faut y ajouter l’antibiorésistance qui tuera 10 millions de personnes par an en 2050 (Ministère de la santé), l’expulsion des petits producteurs de leurs terres au profit des grandes cultures destinées aux animaux, l’endettement des éleveurs pour investir dans des moyens de production démesurés (mais non rentables !), les conditions de travail insensées des ouvriers d’abattoirs…
L’industrialisation de l’élevage, la concentration des moyens de production et le confinement des animaux poussé à l’extrême touche de nombreux domaines, qu’ils soient éthiques, environnementaux, sociaux ou sanitaires.
Ensemble, en finir avec un système effroyable
88 % des Français sont opposés à l’élevage intensif (YouGov, 2019). Pourtant, nos assiettes sont composées à 63 % de produits d’origine animale. Modèles alimentaires et agricoles sont intimement liés : bannir l’élevage intensif passera aussi par un changement d’alimentation. Récemment, près de 100 000 personnes ainsi que de nombreuses ONG et personnalités – dont des éleveurs – ont signé l’Appel contre l’élevage intensif* pour demander la fin de ce mode d’élevage et la végétalisation de notre alimentation.
Tous ensemble, nous pourrions mettre fin à ce système effroyable.
* Pour signer l’Appel contre l’élevage intensif, rendez-vous sur stop-elevage-intensif.com.
La question de la taille des élevages est une question fausse qui alimente les fantasmes, laissant croire que plus c’est grand, plus c’est industriel, plus c’est mauvais pour l’environnement et moins c’est qualitatif. Tout cela est faux et la taille n’a rien à voir dans l’affaire. Passion très française pour le petit quand bien même il est inefficace. Or dans tous les domaines économiques l’excellence suppose une taille critique. Même en agriculture où par exemple les châteaux bordelais les plus prestigieux sont aussi de très grandes exploitations : Les 1ers crus classés tutoient les 100 hectares !
Il n’y a pas d’élevage de très grande taille en France
La taille moyenne d’un élevage bovin est de 60 têtes ! Le plus grand en France n’atteint pas 900 quand dans d’autres pays elle atteint 100000 ! On se fait donc peur pour rien. C’est à l’avenant dans les autres productions. La question posée est quasiment sans objet en France.
La taille est un facteur de compétitivité
Bien élever les animaux qu’il s’agisse de production laitière ou de viande, suppose des investissements importants. Il s’agit de résoudre l’équation qualité sanitaire + qualité gustative + bien-être animal + respect de l’environnement. Or amortir ces investissements nécessite du volume. Les outils de 1ère transformation (laiteries, abattoirs) aussi sont trop atomisés en France. L’ensemble renchérit nos coûts productions, limite nos capacités export et, en augmentant les prix, permet à des produits d’importation compétitifs d’envahir le marché intérieur. Ainsi à un même prix de marché les éleveurs en France gagnent moins que leurs homologues européens. Ainsi la volaille servie dans les restaurants est majoritairement importée.
Passons d’une obligation de moyens à une obligation de résultat
Derrière la question de la taille des élevages il y a celles de la qualité et de l’environnement. Ces deux sujets sont majeurs et méritent qu’on y porte toute l’attention nécessaire. Mais ils ne nécessitent pas du contraindre la taille. De nombreux labels permettent d’acheter des produits intégrant les dimensions qualité, environnement et bien-être, comme Bleu Blanc Cœur par exemple.
Et le système de notation Ferme France arrive en cette fin d’année, proposant une notation sociétale fondée sur les actions menées par les agriculteurs, indépendamment de la taille, et les filières volaille et porc sont les 1ères intégrées par le système. Or ce sont bien les actes qui comptent ! Il vaut mieux un élevage important, qualitativement et sociétalement performant à un petit qui serait trop artisanal.