Rey, Finn et un robot poursuivis par soldats du Premier ordre
Crédits photos : wcm1111

La critique cinéma : Star Wars VII

Ce débat a été réalisé en partenariat avec les rédacteurs de Ciné Maccro : un site qui propose une vision hétéroclite du cinéma.

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1. Le contexte

Trente années après la destruction de la seconde Étoile de la mort, Luke Skywalker a disparu, et la République reste fragile. Le Premier Ordre, qui rassemble les nostalgiques de l’Empire sous la direction de Kylo Ren, tente de reprendre le pouvoir. Au même moment, sur la planète désertique Jakku, la jeune Rey qui survie seule en vendant les débris des vaisseaux impériaux, rencontre Finn, un stormtrooper déserteur pris en chasse par le Premier Ordre…

Genre : Science-fiction

Réalisateur : J. J. Abrams

Avec (entre autre) : Daisy Ridley (Rey), John Boyega (Finn), Oscar Isaac (Poe Dameron), Adam Driver (Kylo Ren)

Durée : 2h15

Sortie : 16 décembre 2015 en France

Budget : 200 000 000$

Au bout de vingt jours d’exploitation en Amérique du Nord, le , Star Wars VII Le Réveil de la Force devient le film aux plus grosses recettes de l’histoire, dépassant ainsi Avatar (2009) avec un nouveau record historique de 764,4 millions de dollars

Source : hollywoodreporter.com

2. Le débat des experts

Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Le « Pour »
Antoine Cassé
Critique pour Ciné Maccro
De l’art délicat de relancer une franchise

Parler de Star Wars, c’est s’attaquer à un mythe face auquel la prudence est de mise. Objet de culte sans égal, la saga a souffert d’une prélogie décevante pour les fans, ce qui poussera George Lucas à arrêter les frais et vendre Lucasfilm à Disney en octobre 2012. Ils annoncent par la même occasion un 7e film, aux alentours de 2015.

C’est en revenant au plus près de la source originelle que JJ va insuffler à la nouvelle trilogie qu’il commence le souffle de s’émanciper de ses augustes aînés.

Comment relancer une franchise lorsque son créateur n’est plus là ? C’est tout le dilemme qui incombait à JJ Abrams. En effet, le réalisateur new-yorkais devait trouver le compromis entre tradition et modernité, entre faire de son Star Wars une oeuvre à part entière mais qui trouve naturellement sa place dans la saga. Le choix de reprendre une structure calquée sévèrement sur le premier Star Wars n’est donc pas anodin : comme un renouveau, JJ va proposer une réécriture des bases afin de faire le lien entre les deux univers. C’est en revenant au plus près de la source originelle que JJ va insuffler à la nouvelle trilogie qu’il commence le souffle de s’émanciper de ses augustes aînés.

C’est une vraie volonté de réconciliation que propose Star Wars, réunissant toutes les générations vers un futur commun.

Le manque de risque du film lui fut reproché. Pourtant, au regard des événements passés, cela semble cohérent. Là où la prélogie s’était principalement ratée, c’est en laissant de côté les fans de la première heure par ces trop nombreux changements (Star Wars 8 sera la preuve finale que le changement dans cette saga est une chose à proscrire aux yeux des fans). C’est une vraie volonté de réconciliation que propose Star Wars, réunissant toutes les générations vers un futur commun.

Rey […] constitue un des personnages les plus emballants de l’industrie du blockbuster.

Outre cet hommage, il faut quand même que le film ne se contente pas de la vague copie. C’est là que réside le paradoxe ; les anciens ne sont finalement que prétexte, quand ces derniers ne se contente pas de juste toucher un chèque (ah, Harrison…), les nouveaux eux construisent leur légende. Si l’écriture du métrage est stéréotypée, on peut notamment ressortir une Rey qui constitue un des personnages les plus emballants de l’industrie du blockbuster.

Que reste-t-il alors ? Hommage agréable, qui convient aux fans et aux néophytes, c’est un pari réussi que de relancer la machine pour Abrams. Simple, efficace, il ouvre une nouvelle ère Star Wars, en réalisant comme il faut les ponts avec ses origines. De l’art délicat de relancer une franchise, JJ aura réussi à offrir un des blockbusters les plus agréables de ces dernières années.

Le « Contre »
Thomas Graindorge
Critique pour Ciné Maccro
La nostalgie comme masque du conformisme

Au moment du rachat de Lucasfilms en 2012 pour la pharaonique somme d’environ 4 milliards de dollars, Disney sent bien qu’elle tient là une poule aux oeufs d’or, notamment par l’entremise de la saga Star Wars, vaisseau-amiral de la pop culture et objet de vénération depuis maintenant plus de trente ans. Et si l’on reconnaîtra volontiers la prise de risque opérée par la firme en relançant une saga aussi sacralisée, sa première tentative, le Star Wars VII de J.J. Abrams, a confirmé ce qui semble être la donne actuelle : l’abandon de l’ambition artistique et créative au profit d’un élan nostalgique garantie de succès financier.

J.J. Abrams a beau se démener[…], il n’est que le dindon de la farce, la marionnette de banquiers frileux de froisser les fans de la première heure

J.J. Abrams a beau se démener pour insuffler au long-métrage son style si reconnaissable, il n’est que le dindon de la farce, la marionnette de banquiers frileux de froisser les fans de la première heure en leur proposant de la nouveauté, et qui ont ainsi cru bon de ne livrer qu’une version actualisée de la trilogie originale. Si quelques modiques détails viendront apporter de l’eau au moulin des défenseurs du film, le squelette lui, est incontestablement le même, et les archétypes sont diamétralement identiques : l’héroïne/héros au passé brumeux promis(e) à un grand destin, le pilote casse-cou, l’antagoniste tiraillé par son passé, l’Empereur maléfique… Tout est fait dans Star Wars VII pour rappeler les épisodes de la trilogie originale, y compris dans ses décors, et la ressemblance, frappante, n’est pas excusable en tant qu’oeuvre cinématographique ou qu’épisode de saga.

Un empire financier tel que Disney n’aurait-t-il pas les moyens d’une prise de risques ?

Bien sûr, Star Wars est un mastodonte qui appelle à la précaution dans son traitement, tant ses aficionados sont timorés, l’Épisode VIII et la prélogie l’ont prouvé, à l’idée de voir leur saga évoluer. Mais un empire financier tel que Disney n’aurait-t-il pas les moyens d’une prise de risques ? Auraient-ils réellement à craindre d’un échec critique, qui de toute façon ne contrebalancerait pas un succès financier colossal du fait de l’aura de la saga ?

Disney, cédant à la pression des fans, tétanisé par la peur de l’échec, a imposé à une saga autrefois novatrice un triste conformisme

Outre l’aura de l’appartenance à une franchise, Star Wars VII reste un film moyen, aux enjeux, péripéties et personnages quasiment calqués sur ceux de la prélogie originale, cadenassant toute ambition de son réalisateur de créer une oeuvre nouvelle et rafraîchissante qui aurait lancé cette nouvelle trilogie sur de galvanisants rails. Disney, cédant à la pression des fans, tétanisé par la peur de l’échec, a imposé à une saga autrefois novatrice un triste conformisme et son pire dessein au blockbuster actuel.

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3. Le débat des lecteurs

4. Pour aller plus loin

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