📋 Le contexte 📋
Un symbole est un objet, image, son ou autre qui représente autre chose par association. Ainsi, la pourpre est la couleur de la Rome impériale, Marianne représente la République, l’étoile de David le judaïsme, et la poignée de main signifie le salut et le respect. Un symbole sert trois fonctions: la fonction sémiotique (il représente quelque chose), la fonction révélatrice (il présente une réalité visible d’un élément autrement irreprésentable), et enfin une fonction universalisante (en mathématiques, le symbole de l’addition est partout ‘+’).
Un symbole historique va dès lors être un moyen pour un peuple de représenter une idée, une période ou un événement particulièrement marquant de son histoire. La tombe du soldat inconnu représente le sacrifice et le courage de tous les soldats morts pour que cette guerre soit la dernière. L’appel du 18 juin lave la honte de Vichy et symbolise la résistance d’une partie de la France. Le symbole historique est donc crucial pour qu’un peuple vive ensemble, qu’il partage un imaginaire et des références communes.
Pour devenir symbole historique, un homme, une femme ou un événement doit voir sa mémoire glorifiée afin qu’il puisse passer à la postérité. Souvent, l’image de ‘grands Hommes’ est instrumentalisée par le régime en place afin d’asseoir son autorité. Marianne? Sans la IIIe République, jamais elle n’ornerait nos pièces de monnaie. Le 14 juillet? Instauré sous la IIIe République. Pétain? Glorifié avant que toute trace de lui ne soit effacée après 1945. Ainsi, si l’on retient Colbert plus que Fouquet, De Lattre plutôt que Giraud, ou Jules Ferry plus que Jules Grévy, ce n’est pas forcément parce que l’un mérite plus que l’autre de rentrer dans notre histoire nationale, mais plutôt parce que leur image – souvent simplifiée – a été reprise et utilisée pour faire de la personne un héros, personnage important de notre histoire, et modèle pour les générations à venir. Colbert devient alors le père de l’État moderne, architecte de la grandeur de la France et le modèle à suivre pour tout ministre. Jules Ferry est l’homme qui rendit l’école gratuite, obligatoire et laïc. Mais il ne faut pas oublier Colbert rédigea partiellement le Code Noir, et que Ferry était un partisan de la colonisation, et que glorifier une personne revient à en oublier d’autres.
Après la mort de Georges Floyd, de nombreuses manifestations ont rassemblé des millions de gens sur la planète. Certains manifestants ont alors déboulonnés des statues : le marchand d’esclave Edward Colson au Royaume-Uni, le roi Léopold II en Belgique, et aux Etats-Unis, ce sont les statues d’anciens généraux de la période de la guerre de Sécession qui ont été attaquées. En France, outre la question du mode d’action, on se demande que faire de la mémoire d’Hommes autrefois admirés, mais dont certains traits ne peuvent aujourd’hui être acceptés. Certains de nos symboles sont devenus clivants, et ne sont plus acceptés universellement. Dès lors, on peut soit les remplacer par des nouveaux symboles, plus universels et représentatifs de nos valeurs actuelles, soit les replacer dans leurs contextes et dire que si ces symboles ne sont aujourd’hui plus blancs comme neige, c’est uniquement d’un point de vu actuel et anachronique, ce qui n’empêche pas qu’on ne peut oublier leur part d’ombre.
De part son passé colonial et son Histoire, la France a un certain nombre de ses symboles historiques qui sont hérités de périodes compliquées, et sont aujourd’hui remis en question.
🕵 Le débat des experts 🕵
Déboulonner/Démanteler/Déplacer les statues d’hommes qui ont justifié la déportation d’Africain.e.s, leur mise en esclavage et leur statut « d’objet », autorisé l’exploitation, la torture, et la mort des corps, fait du ventre des femmes noires un capital, interdit qu’esclavagisées et colonisé.e.s fassent famille, imposé le Code Noir, le Code de l’indigénat, le vol, le pillage, détruit des villes, des universités, des temples, au nom d’une civilisation « supérieure », est juste. Leurs statues ne racontent pas « l’histoire », elles sont le résultat de choix politiques. Elles imposent dans le paysage public un récit, des figures, une esthétique du pouvoir et de la domination. Rien de tout cela n’est neutre.
Il est temps de revoir l’architecture de villes construites sans aucune bienveillance ou générosité pour les personnes vulnérables, les racisé.e.s, les sans-logis, les sans-papiers, les réfugié.e.s, les migrant.e.s, les travailleur.se.s, les Noir.e.s, les Arabes, les femmes, les gays, les trans. Ces villes sont faites pour des hommes blancs de pouvoir (À Paris, sur 700 statues, autour de 35 sont de femmes blanches, en majorité des nymphes, des reines, et Jeanne d’Arc). Ce sont “leurs” villes, villes de conquérants, qui ont écrasé les insurrections des opprimé.e.s, se sont vengés avec cruauté de celles et ceux qui défiaient leur pouvoir, sont allés aux quatre coins du monde broyer, exploiter, déposséder, violer, voler, piller, pour que leurs fils naissent avec des privilèges qui ne devaient rien ni à leurs talents ni à leurs compétences. Nous réclamons désormais d’habiter ces villes. De pouvoir décider collectivement de ce qui nous entoure, de marcher dans les rues, les squares, les places, les jardins, sans y rencontrer les représentations de ceux qui ont défendu une idéologie raciste, sexiste, xénophobe et meurtrière, et qui ont voulu que l’humanité soit divisée entre les vies qui comptent et les vies qui ne comptent pas. Nous voulons respirer.
Il ne s’agit pas de remplacer systématiquement des statues par d’autres statues mais de rendre la ville humaine, de célébrer peut-être moins de « grands » hommes (ou de grandes femmes) que des actions collectives – à la Révolution haïtienne, à la Commune de Paris, aux femmes esclaves marronnes, aux suffragettes, aux insurrections ouvrières, aux immigré.e.s qui ont construit ce pays. D’imaginer d’autres formes de représentation que la statue monumentale, d’habiter une ville qui respire et où les vies noires comptent.
L’histoire de notre pays est pleine de sang, de sueur et de larmes, il ne faut pas avoir peur de l’avouer. Loin d’être providentielle, elle est souvent le fruit des circonstances du moment, du hasard, de coïncidences, d’occasions manquées ou réussies, de retournements de situations incroyables. Ne faisons pas table rase du passé, faisons attention qu’à force de renier ce qui fait notre âme nous allons tout perdre dans une société de haine.
Car dans la démarche du CRAN et ses demandes de réparations, on pressent aussi l’appât du gain, la volonté de tout judiciariser qui nous vient encore une fois des États Unis les habite. L’Histoire de France leur apparaît comme lucrative comme susceptible de nous rapporter de l’argent…
Ces tentatives surviennent dans une société déjà très fracturée, sans culture commune. Elles sont porteuses d’un réel danger social. Interrogeons-nous un instant sur la société que nous voulons laisser à nos enfants. Soit une société de haine et de repentance soit une société éduquée et apaisée qui va de l’avant.
Au nom de leur nouvelle idéologie de repentance, ces groupes communautaires, sèment un sentiment de haine et de suspicion entre les Français, creusant encore plus le fossé qui nous sépare. Ils veulent importer ce qui se passe en Amérique ici alors que la haine raciale n’a pas qu’une très courte histoire en France.
Il n’y a pas si longtemps cela n’était pas comme ça. Le fossé entre les différentes communautés n’était pas aussi profond. Il existait certes mais les relations étaient loin d’être aussi irréconciliables… Le laisser faire d’une partie d’intellectuels et d’hommes politiques avalisant le fait que les immigrés sont « d’anciennes victimes » mais aussi des électeurs potentiels, ont fini de détruire ce qui se passait avant en France, il y a encore une trentaine d’années. Tous les épurateurs de notre passé ont trouvé auprès des politiques appui et protection tant ils sont hantés par l’idée d’être suspecté d’assumer le passé colonialiste de la France. Le laxisme a prévalu et nous en sommes maintenant dans cette situation inextricable. mais si nous voulons marcher vers l’avenir revenons toujours à nos racines….
Au lieu de déboulonner les statues il faut plus d’éducation au lieu d’abattre celle de Colbert, il faut au contraire conduire les élèves devant cette statue et prendre le temps de leur expliquer, de leur raconter tout ce qui s’est passé. Si on ne comprend pas l’Histoire dans sa globalité et sa complexité, on ne comprend rien à rien. Il ne faut pas avoir peur d’enseigner calmement que « Colbert fut un grand homme d’État qui a considérablement modernisé la France à une époque où malheureusement existait une pratique immonde: l’esclavage… Il était esclavagiste à une époque où malheureusement tout le monde l’était -où, en tout cas, l’esclavage était considéré comme une norme-. » Colbert est un créateur qui a changé et construit notre pays. Le renier c’est nous renier c’est renier une immense part de ce qui constitue la France à travers le monde. Colbert grand artisan de la culture française a permis l’émergence du siècle des lumières et du long processus des idées d’émancipation… C’est ça la France !