Ce débat est publié en partenariat avec l‘Observatoire du Foot-Business
📋 Le contexte 📋
Face à l’épidémie de covid-19 et l’arrêt des championnats de football, la Ligue de Football Professionnel (LFP) s’est montrée vindicative. Point de reprise contrairement à l’Allemagne, mais une saison blanche actée. Le classement a été pris en compte à la 28ème journée, soit la dernière jouée au début du mois de mars.
Bonheur aux vainqueurs, malheur aux vaincus. Si la saison blanche a profité à Lorient et Lens, premiers de seconde division avant l’arrêt et automatiquement promus en Ligue 1, les deux derniers de l’élite (Amiens et Toulouse) ont eux été relégués avant le terme de la saison.
Dernier de Ligue 1, Toulouse n’a évidemment pas manqué de crier à l’injustice. Mais le projet le plus tenace vient d’Amiens, qui n’avait alors que quatre points de retard sur Nîmes. Le président picard Bernard Joannin a lancé une pétition pour une mesure exceptionnelle : la Ligue 1 à vingt-deux clubs. Bénéfique à Toulouse et Amiens sans condamner Lens et Lorient, elle permettrait selon certains d’assurer l’équité sportive. La Ligue 1 doit-elle temporairement passer à vingt-deux formations ? Venez en débattre avec nous.
🕵 Le débat des experts 🕵
Une assemblée extraordinaire de la LFP le 20 mai doit entériner les décisions suivantes : arrêter les championnats professionnels et les classements tels que Noël le Graët les a « dictés ». S’en est suivie une révolte d’Amiens (19ème de Ligue 1 et reléguée par la LFP, ndlr), appuyée par beaucoup de soutiens. Le projet ? Une Ligue 1 à vingt-deux clubs.
Des clubs, des personnalités (Laurent Blanc par exemple) se sont manifestés, susceptibles d’entraîner des joueurs, des entraîneurs voire des arbitres. La Ligue 2, elle aussi, soutient majoritairement les maintiens du Mans (descendu pour un but en fin de match à Chambly lors de la 28e journée) et d’Orléans. Si le Mans et Orléans sont maintenus, la Ligue 2 repasse effectivement à vingt clubs. Et la Ligue 1 de facto à vingt-deux ; car si on repêche Amiens, il est impossible juridiquement de ne pas sauver également Toulouse (dernier de Ligue 1, ndlr).
Dans les pays où on a arrêté la compétition, les derniers n’ont pas pour autant été relégués. Les décisions ont été prises différemment par rapport à la France. Appliquer, comme le dit Noël le Graët, le même règlement pour le monde professionnel et amateur, est tout simplement faux. La FFF a en effet relégué un club au lieu de deux dans tous les championnats amateurs. D’un scénario inenvisageable, on arrive à un scénario réellement possible.
Passer à vingt-deux clubs en Ligue 1 ne serait pas une bonne idée pour trois raisons. De un, l’épidémie de coronavirus vient de nous montrer le problème de calendrier dans le sport en général ; trop d’événements pour un intérêt économique à tel point qu’à chaque problème, les instances ne savent plus gérer. D’autant que la saison 2020-2021 reprendra plus tard (a priori le 23 août en France) pour terminer vers mi-mai, avant l’Euro 2021. Passer de 20 à 22 clubs, c’est aussi passer de 38 à 42 journées de championnat. Ce n’est certainement pas le moment de rajouter des matchs.
Deuxièmement, sur le plan économique, les clubs professionnels français sortent de la saison 2019-2020 avec une balance négative de 400 millions d’euros. En intégrant le fait que l’exercice 2020-2021 se jouera au moins partiellement à huis clos, les revenus seront encore amputés. Si on devait en plus partager le gâteau des droits télévisuels de vingt à vingt-deux parts…
Enfin, une première division est toujours en concurrence avec ses voisins européens. Quel pays en Europe compte vingt-deux clubs ? Même la Premier League anglaise, championnat le plus riche au monde, n’a pas franchi ce cap. Certains refusent même de passer à vingt, à l’image de la Bundesliga allemande. Il y a certainement une raison à cela, et nous devrions à coup sûr nous en inspirer. Le vrai sujet n’étant pas le passage à vingt-deux, mais la gouvernance du football.