Minute Débattons sort un nouvel épisode aujourd’hui ! Le Drenche vous propose ce super podcast, d’un peu plus de 30 minutes seulement (le temps de vous préparer un petit plat, par exemple !). Si vous ne connaissez pas (encore) le concept, il est simple : Mathilde, Florent et Sarah s’attèlent à un sujet de débat, présentent les contours de celui-ci en discutant, et font appel à des experts ou expertes qui défendent le “pour” et le “contre” pour approfondir la question. Vous retrouverez ce podcast sur Le Mur des Podcasts de Ouest-France, mais aussi sur toutes les plateformes audio (Apple Podcast, Google Podcast, Deezer, Spotify…).
Cette semaine, la question qu’on se pose c’est : Peut-on nourrir la planète avec du poisson durable ?
La population mondiale augmente : nous devrions atteindre les 10 milliards de personnes en 2050. Cette nouvelle démographie nous amène à repenser le problème de la sécurité alimentaire, c’est-à-dire la garantie pour tous les êtres humains d’accéder à une nourriture suffisante, saine et nutritive. La situation mondiale actuelle est inquiétante : un quart de la population se retrouve déjà dans une situation d’insécurité alimentaire.
Quel rôle joue la pêche au niveau de la sécurité alimentaire ?
Les poissons et les crustacés représentent un apport non négligeable de protéines animales pour les Hommes. Pour plus de 3,3 milliards de personnes, le poisson correspond à au moins 20% de leur apport quotidien en protéines animales. Pour certains pays, comme le Ghana, la Sierra Leone ou encore le Sri Lanka, la consommation de poisson est centrale dans l’alimentation : elle représente plus de 50% des protéines animales consommées (rapport Sofia 2020 de la FAO). Un certain nombre de communautés côtières dépendent du poisson pour leur sécurité alimentaire.
Alors pêche durable = solution ?
La consommation mondiale de produits de la mer ne cesse de croître. Elle a connu une augmentation spectaculaire de 122% au cours des dernières années. La demande est telle que la surpêche menace durablement nos océans. 34,2% des stocks de poissons sont surexploités selon l’ONU. Cela signifie que des espèces sont menacées de disparaître et de gravement troubler les écosystèmes marins.
La pêche durable vise à laisser suffisamment de poissons dans l’océan pour qu’ils puissent se renouveler et à garantir un impact environnemental minimisé sur les écosystèmes marins. Mais certains s’inquiètent quant à la capacité de la pêche durable à atteindre ces objectifs et à fournir suffisamment de poissons pour répondre aux nouvelles demandes alimentaires.
Alors pour vous aider à y voir plus clair, on vous propose d’expliquer simplement ce qu’est la surpêche, la pêche dite « durable », quels labels existent aujourd’hui mais aussi comment ils fonctionnent. Et pour explorer ce débat compliqué, comme on est pas des experts, on a été demandé à des gens qui s’y connaissent un peu mieux que nous.
Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France et co-directrice de SeaShepherd Global, pense que la pêche durable ne peut en aucun cas nourrir la planète car, au vu de notre démographie, il s’agirait d’un mythe. « Si on prend les recommandation de l’OMS qui recommande deux portions de poisson par semaine et par habitant et qu’on applique cela à l’ensemble de la population mondiale, on obtient le double de ce que contient l’océan, sans compter que l’on aurait affamé les prédateurs, requins ou dauphin « . Selon elle, la pêche commercial peut subsister mais pas dans les même proportions qu’aujourd’hui. La surpêche serait la première menace qui pèse sur les océans. Et les labels n’arrangeraient rien car ils ne garantirait pas vraiment une pêche respectueuse du milieu marin.
Christopher Costello, professeur d’économie de l’environnement et des ressources à l’Université de Santa Barbara. Selon lui il est possible de nourrir la planète avec du poisson durable. Selon lui, une gestion durable des pêcheries permet de produire plus de nourriture tout en respectant l’environnement marin. Cela impliquerait entre autre de consacrer plus d’efforts pour améliorer la gestion des pêcheries côtières artisanales, moins réglementées et plus difficiles à organiser.
Margaux Favret, ingénieure halieutique et directrice du Marine Stewardship Council (MSC) France. Elle revient en détail sur la notion de pêche durable, sur les programmes de certification et sur ce qu’ils impliquent. Selon elle, la pêche durable constitue un enjeu majeur qui permettra de reconstituer les stocks de poissons et de contribuer à la sécurité alimentaire mondiale tout en préservant l’environnement, puisque le poisson représenterait seulement 2% des émissions carbone que représenterait la viande rouge par exemple. Margaux Favret explique que ce sont en moyenne 72 millions de personnes en plus que l’on pourrait nourrir dans le monde si on gérait la pêche de manière efficace, en mettant notamment en œuvre des règles de coopération internationale pour que le tiers des stocks de poissons surexploités dans le monde retrouvent leurs productivités. Pour elle, le problème est à la fois environnemental, social et humanitaire puisque plus de 3,3 milliards de personnes dans le monde dépendent de la pêche pour se nourrir et 59 millions de personnes sont directement employées dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture.
Pour en savoir plus et vous faire une idée, n’hésitez pas à aller écouter le podcast. Aussi, on vous encourage à vous perdre sur notre site pour écouter les autres formats de podcast et pour lire nos articles ! N’oubliez pas non plus que nous avons une version papier : abonnez-vous !
Sources :
- Le rapport de la FAO sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le monde en 2020
- Le rapport de la FAO sur la situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2020
- Le livre de Philippe Cury et Yves Miserey « Une mer sans poissons »
- Article « The future of food from the sea » co-rédigé par Christopher Costello dans la revue Nature
- Ifremer – bilan 2020 de l’état des populations de poissons pêchées en France
- Rapport MSC « Pêche durable et sécurité alimentaire : quels défis pour demain ? » de janvier 2021