Silencieusement, le mal-être psychologique contamine de plus en plus de jeunes

Silhouette de la tête d'une personne déprimé avec des boulettes de vieux papier.

LE DÉCRYPTAGE DE L’ACTU

Chaque semaine, on essaye de comprendre pour vous un sujet qui fait l’actu, mais qui peut paraître un peu ardu…

On en a entendu parler soudainement. Conséquence directe des crises économique et sanitaire, de nombreux jeunes vont mal, très mal. Pour beaucoup, le gouvernement a pourtant choisi de maintenir une position se résumant en une phrase : « On entend, mais on n’a pas de solution ». Le Drenche s’est penché sur la question.

Les jeunes vont mal à quel point ?

Les statistiques sont formelles. Selon une étude de Santé publique France, 29% des 18-25 ans seraient en dépression et près de 80% des jeunes âgés de 15 à 30 ans estimeraient avoir subi des préjudices académiques, professionnels ou personnels importants du fait de la crise sanitaire selon un sondage Odoxa-Backbone Consulting. Selon la formule consacrée, près de 79% pensent appartenir à la “génération sacrifiée”. 

Les répercussions sur la santé des jeunes pourraient également être visibles à long terme. Outre l’anxiété et les troubles psychologiques générés, un jeune de moins de 30 ans sur cinq fume plus, 16% des jeunes consomment davantage d’alcool malgré la fermeture des bars, des boîtes de nuit et le couvre-feu, 11% prennent plus de médicaments et 7% plus de drogues. Ainsi, chaque jour, de nouvelles statistiques alarmantes sont publiées. 

Que demandent-ils ?

Les cris d’alerte et les appels à l’aide se multiplient, au même titre que les pétitions et les lettres ouvertes au gouvernement. Sur Twitter le hashtag #etudiantsfantomes rassemble des centaines de témoignages de la détresse estudiantine. Une manifestation est notamment prévue ce mercredi 20 janvier par les associations et syndicats de jeunes et la liste de leurs griefs est longue : plus de perspectives d’avenir, de vie sociale ni de moyens, enfermement prolongé dans des appartements minuscules voire insalubres, décrochage scolaire…

La fermeture des universités est particulièrement pointée du doigt. Du fait des mesures sanitaires, les étudiants sont enfermés chez eux, de 8h à 22h face à leur ordinateur. La pilule est d’autant plus dure à avaler que les plus jeunes sortent pour aller à l’école, au collège ou au lycée et les actifs pour aller au travail. Cette situation d’isolement et d’enfermement génère donc anxiété et angoisses auxquelles s’ajoute une forte pression des universités. 

En effet, pour pallier le nombre important d’étudiants ayant validé leur année universitaire du fait de la mauvaise organisation des partiels à distance l’an dernier, certaines universités vont jusqu’à augmenter le niveau et la quantité de travail demandé, prévoyant sans se cacher des épreuves trop longues ou trop difficiles. Les cours à distance présentent, par ailleurs, l’inconvénient de ne marquer aucune rupture entre la journée de travail et sa fin, conduisant à une surcharge de travail de la part de certains professeurs et ce, alors que les doutes sur la valeur des diplômes Covid sont toujours plus grands. Parallèlement, les taux de suicide et les prescriptions de Xanax explosent. Le 9 janvier, un étudiant se défenestrait à Villeurbanne, le 15, une étudiante en médecine à la Sorbonne mettait fin à ses jours…on ne compte tristement plus les annonces de suicides d’étudiants. 

Enfin, de nombreux étudiants souffrent d’une inquiétante précarité alors que les bourses et les aides de l’Etat ne suffisent malheureusement toujours pas. Subséquemment, la Ministre de l’Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, est décriée pour son inaction et sa déconnexion face aux problèmes de la jeunesse. 

Quelle réponse du gouvernement ?

Pour certains, les mesures prises tiennent plus du coup de com’ que d’une mesure sérieuse du problème. Le 14 janvier, le Premier Ministre et la ministre de l’Enseignement Supérieure ont annoncé le doublement du nombre de psychologues dans les universités et le retour progressif des premières années par petits groupes. Mais pour beaucoup, c’est loin d’être assez.

Je n’ai pas l’impression que Mme Vidal ait conscience de l’ampleur du problème” a réagi Marie-Georges Buffet, ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports et députée communiste. L’opposition est ainsi montée au créneau, dénonçant la politique d’Emmanuel Macron concernant la jeunesse. Pour le chef de file des députés Républicains Damien Abad, “c’est une vraie zone d’ombre dans la stratégie de l’exécutif et ça commence à se voir”.

Pourtant, la solution du gouvernement face aux problèmes des jeunes demeure toujours la même : faciliter l’accès à l’emploi et à la formation professionnelle. Ainsi, 7 milliards d’euros ont été investis en juillet dernier dans le plan “1 jeune 1 solution” attribuant des aides à l’embauche aux entreprises. Mais “ces mesures arrivent à un moment où il y a une dynamique de création d’emplois plus faible et par définition qui bénéficie moins aux jeunes”, souligne le député socialiste Boris Vallaud, attirant l’attention sur le fait qu’il serait peut-être temps d’attribuer des aides directement aux jeunes en difficulté.

Pour protéger la vie des plus âgés, on empêche les plus jeunes de vivre la leur ?

Incontestablement, les mesures sanitaires actuelles permettent d’éviter des milliers de morts. Mais avec lesdites mesures sanitaires, les jeunes trinquent. Comme le pointe du doigt le psychiatre spécialiste des troubles émotionnels Christophe André, “ce qui est paradoxal c’est que ce sont eux qui prennent le plus cher alors que ce sont eux les moins fragiles”, ce qui rend cette situation d’autant plus difficile à accepter pour la jeunesse. Comment expliquer que les futurs ingénieurs, médecins, professeurs, techniciens du pays se retrouvent dans une telle situation ? “Ce qui fait qu’un humain va bien c’est l’action et les relations” continue-t-il. Or, désormais, les jeunes n’ont plus ni l’un ni l’autre et si la proportion d’étudiants allant vraiment mal ne représente pas une majorité, les étudiants allant vraiment bien représentent quant à eux une réelle minorité.

Sources : Le Monde, Franceinfo, La Voix du Nord, TMC

 

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