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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Pour relancer la croissance et l’emploi, supprimons l’ISF !
Nicolas Dainville
Conseiller départemental suppléant des Yvelines, conseiller municipal d’opposition à La Verrière, secrétaire général de « Génération entreprise – Entrepreneurs associés » (150 parlementaires issus de l’entreprise)http://www.nicolas-dainville.fr
« L’ISF n’est pas performant sur le plan des recettes ! Il faut être capable d’intégrer le fait que le capital est beaucoup plus volatil ! », disait Manuel Valls en 2010 ! Doté d’une parole plus libre qu’aujourd’hui, le futur Premier ministre socialiste faisait alors preuve de clairvoyance.
Car l’ISF constitue en effet une redoutable arme de destruction massive pour notre économie et une terrible « Incitation à Sortir de France », une véritable machine infernale à expulser nos meilleurs talents !
Johnny Hallyday, Gérard Depardieu, Charles Aznavour… Tout le monde connaît ces exemples célèbres mais ces départs ne sont malheureusement que la partie émergée de l’iceberg !
Car officiellement, ce sont 2 contribuables qui partent chaque jour de France pour des raisons fiscales et ce sont malheureusement les populations parmi les plus entreprenantes qui s’expatrient !
Après avoir durement travaillé – inutile de rappeler que l’argent ne tombe pas du ciel – ces talents partent ainsi souvent sur la pointe des pieds, écœurés par cette folie fiscale française qui dévalorise la réussite et stigmatise le succès.
Malgré l’omerta de l’administration française sur les chiffres des départs, de nombreux indicateurs témoignent de la gravité de ce phénomène. 3744 foyers fiscaux au revenu supérieur à 100.000 euros ont ainsi quitté la France en 2013, soit une hausse de 40% par rapport à 2012 !
Comme lors de la révocation de l’édit de Nantes, la France se vide donc de son sang entrepreneurial, il faut stopper au plus vite cette hémorragie ! Car avec ces départs qu’il provoque, l’ISF représente en effet un drame pour nos finances publiques en privant l’Etat de nombreuses recettes fiscales !
L’ISF entraînerait ainsi selon l’Institut Montaigne des pertes fiscales cumulées de 16Mds€ et coûterait même deux fois en TVA non perçue ce qu’il rapporte, selon l’économiste Patrick Artus… C’est un vrai suicide fiscal !
Et quand on sait que seulement 1% des Français les plus riches payent 45% de l’impôt sur le revenu, faisons attention à ne surtout pas les faire fuir !
Pire, l’ISF pèse gravement sur notre croissance et nos emplois. L’Institut Montaigne estime à 200Mds€ le montant des capitaux qui ont quitté la France pour éviter l’ISF !
Selon la Fondation Concorde, 1 million d’emplois directs ont ainsi été créés à l’étranger – et non en France, en 20 ans, par nos compatriotes qui se sont expatriés pour des raisons fiscales !
C’est pourquoi, il convient de supprimer au plus vite l’ISF, l’un des derniers tabous idéologiques de la Gauche française, afin que notre pays ne ressemble plus, comme l’a dit Emmanuel Macron, à « Cuba sans le soleil »…
L’ISF, outil de la justice fiscale
La France, comme beaucoup de pays occidentaux, fait face à un accroissement des inégalités depuis quelques années déjà.
Dans ce contexte, les impôts permettent à chacun de conserver un accès à l’éducation, à la santé, à la protection sociale, au droit, etc.
Je pense qu’il est toujours utile de rappeler à quoi servent les impôts avant de les critiquer. Ils financent notamment nos écoles, nos hôpitaux, nos infrastructures, bref, nos services publics !
Payer des impôts, c’est permettre de faire fonctionner notre appareil d’Etat, et donc notre appareil de solidarité. C’est parce que nous payons tous des impôts que nous avons tous accès aux services publics.
Rien n’empêche toutefois de réfléchir à la manière la plus judicieuse de prélever l’impôt afin de le rendre plus efficace.
Ainsi, il n’est pas complètement illogique de cibler au mieux ce que l’on veut prélever. Nous avons des impôts sur les revenus du travail, et les revenus du capital.
Nous pouvons également nous interroger sur la question de la rente, donc de l’héritage, ce qu’a fait Emmanuel Macron dans sa proposition d’avoir un impôt plus important sur la rente. En effet, la lutte contre la rente est l’un des combats de la gauche car sa préservation par l’héritage entretient les inégalités.
Mais le principe de l’ISF reste néanmoins juste, et doit être conservé, c’est ce qu’a rappelé Manuel Valls. Cet impôt porte d’ailleurs bien son nom : il taxe les fortunes, voire les grandes fortunes.
Dans notre pays, chacun-e contribue à la solidarité nationale dans la mesure de ses revenus et de ses possibilités. Ainsi, celui-celle qui gagne plus, qui possède plus, participera plus également.
Supprimer l’ISF, et uniquement lui, serait vécu comme une injustice par une large partie de nos compatriotes. Selon un sondage Tilder/LCI/Opinion way publié la semaine dernière, deux tiers des Français sont opposés à sa suppression, soit 67% des sondés.
Les contribuables devant payer l’ISF étaient quant à eux au nombre de 331.000 en 2014.
Quel message serions nous en train d’envoyer au reste de nos concitoyens moins fortunés : plus on a, moins on paie ? Ce serait présenter l’impôt comme un fardeau, et non comme une contribution à la solidarité nationale, ce qui n’est pas, et n’a jamais été, la pensée de la gauche.
L’ISF, ainsi que de nombreuses autres mesures ont permis qu’en France, le fossé entre les plus riches et les plus démunis soit celui qui se creuse le moins dans la période actuelle parmi les pays occidentaux.
Alors réformer l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, mieux le cibler, le rendre plus efficace économiquement, oui, mais le supprimer, certainement pas !