📋 Le contexte 📋
En anglais, le DAB est l’abréviation de Digital Audio Broadcasting. Le « + » est la norme mondiale pour désigner le DAB+. Autrement connu sous le nom de radio numérique terrestre (RNT) en France, le DAB+ est le successeur numérique de la FM (Frequency modulation, soit modulation de fréquence).
À l’instar de TNT ou la FM cette technologie utilise le réseau de diffusion hertzien terrestre. Il s’agit d’une technologie de modulation et de transmission numériques de la radio. Selon WorldDAB, un forum mondial du secteur de la radio numérique DAB, « Le DAB+ permet d’écouter la radio gratuitement et sans abonnement d’un opérateur mobile ». Il est également possible de le capter par les ondes sans connexion, comme dans la voiture.
Depuis quelques années, la transmission analogique du FM se rapproche de plus en plus de ses limites. Dans plusieurs régions de France, la bande FM est en effet saturée. Les nouvelles radios ne peuvent donc pas se développer, ce qui limite les choix des auditeurs. De plus, de nombreuses radios ne peuvent pas être captées dans des lieux plus reculés. En DAB+, différentes radios – même des nouvelles – peuvent émettre sur une seule fréquence, le tout sans interférences ni grésillements, et avec une meilleure qualité de son.
Par ailleurs, les chaînes de radios pourront mutualiser leurs coûts de diffusion, car les radios sont groupées dans un émetteur multiplex, ce qui réduit la consommation d’énergie. Le DAB+ peut ainsi apporter des avantages aux auditeurs, mais également aux chaînes de radios.
Tandis que la Norvège a déjà renoncé au DAB+ et que la Suisse a prévu la suppression de la FM pour fin 2024, la France témoigne d’un développement plutôt timide. « Il y a en fait autant d’obstacles qu’il y a d’acteurs en jeux : politiques, institutions, grands groupes de radios, équipementiers, distributeurs, revendeurs, constructeurs auto et téléphonie, fabricant de récepteurs… C’est l’effort de tous pour prendre le virage digital à bras le corps. », explique Peter Blampied, membre de l’entreprise Roberts Radio.
En réponse à cela, l’Arcom (l’Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique), a lancé 25 radios nationales sur l’axe de Paris-Lyon-Marseille, le 12 Octobre 2021. Toutefois, peu convaincus par les coûts à court terme, les grands groupes de radio : Radio France, Lagardère, NextradioTV, et NRJ, n’ont pas souhaité intégrer les ondes DAB+. En outre, pour pouvoir écouter la radio numérique terrestre, il faut se procurer de nouvelles radios, aptes à recevoir le DAB+, rendant alors les anciennes radios obsolètes. Ainsi, la RTN ne fait pas consensus. Méconnue par le grand public, elle est parfois critiquée pour son déploiement, jugé trop rapide par certains, jugé trop lent pour d’autres.
🕵 Le débat des experts 🕵
La vraie question est la suivante : « le DAB+ peut-il et doit-il cohabiter durablement avec la FM ? ». Car la FM et le DAB+ cohabitent déjà et depuis longtemps dans certaines régions. Le déploiement des zones de couvertures de la radio numérique terrestre, organisé par l’Arcom, est même calqué sur celui de la bande FM (radio analogique), en partant des zones urbaines et des axes routiers et en s’étendant sur l’ensemble du territoire. Chacune des deux technologies émet sur des bandes de fréquences différentes, et donc, rien ne s’oppose à leur cohabitation.
Le DAB+ est une technologie innovante qui offre une expérience de radio de grande qualité. Un son numérique – pour nos oreilles qui ne connaissent quasiment plus l’analogique -, pas d’interférences, pas de grésillements, pas de rupture du signal… Et puis, comme il y a plus de place que sur la bande FM, qui est saturée, de nouvelles radios viennent enrichir le paysage radiophonique français. Enfin la diffusion en DAB+ permet de réduire la consommation d’énergie par rapport à la FM ou internet, ce qui constitue un atout environnemental pour cette technologie.
Pour autant, la bande FM couvre la quasi-totalité de la population, quand le DAB+ sera accessible à un auditeur sur deux d’ici à la fin de l’année. Elle offre près d’un millier de radios à l’écoute, tandis que 465 services seront disponibles sur le numérique terrestre en 2022. Même si le déploiement du DAB+ avance à grands pas, il n’est pas encore achevé.
Est-il soutenable pour les radios de n’être présentes que sur l’une ou l’autre technique d’émission, au risque de passer à côté de bassins d’audience, ou, au contraire, sur les deux, en devant assumer des doubles coûts de diffusion ? Les auditeurs souhaiteront-ils, à l’avenir, bénéficier des deux services ?
On peut imaginer que lorsque la radio numérique terrestre sera disponible pour tous et que toutes les stations auront muté sur le DAB+, l’usage de la bande FM s’éteindra de lui-même. Mais ce n’est pas pour demain, et l’histoire n’est pas écrite.
L’exemple de nos voisins européens nous éclaire. La Norvège a renoncé à la FM au profit du DAB+ ; les radios y ont d’ailleurs gagné plus d’auditeurs qu’auparavant. La Suisse va éteindre la FM fin 2024. Mais d’autres pays, qui sont pourtant déjà à 100% de couverture numérique, continuent de laisser cohabiter la FM et le DAB+ : la Grande Bretagne, l’Allemagne, les Pays-Bas…
Par ailleurs, la place de la diffusion hertzienne, en FM comme en DAB+, même si elle est gratuite et anonyme pour les auditeurs, sera interrogée, dans l’avenir par l’écoute sur internet, via les applications et les agrégateurs : elle représente aujourd’hui un peu plus de 15% de l’écoute totale, en constante augmentation. Qu’en sera-t-il dans les années à venir ?
Le pragmatisme devra donc tous nous guider, éditeurs, diffuseurs, constructeurs, pouvoirs publics et régulateur. L’avenir de la bande FM aux côtés du DAB+ appartient aux auditeurs et aux radios.
Le DAB+, une vague numérique modernise la radio hertzienne
Dans un monde de plus en plus « numérique », notre bonne vieille radio FM avait besoin de se moderniser. Le DAB+, technologie de diffusion hertzienne (comme la FM mais numérique) vient rebattre les cartes, apportant une innovation aux multiples bénéfices et de belles perspectives à la radiodiffusion. Doit-on alors conserver FM et DAB+ ?
Pourquoi le DAB+ ?
Le DAB+ est à la radio FM ce que la TNT est à la TV. L’adoption en France du DAB+ par les acteurs de la radio suit une tendance européenne qui s’accélère. La majorité de nos voisins modernisent la radiodiffusion avec le DAB+(1).
La bande FM étant saturée, le DAB+ permet de distribuer de nouveaux programmes ou d’étendre la zone de diffusion des radios ; il amène la qualité numérique et s’insère facilement dans la chaine de production ; les coûts de diffusion sont partagés (jusqu’à 13 radios par fréquence) ; des données associées (logos, images) sont ajoutées. Les radios ont le contrôle de leur diffusion sans intermédiation (agrégateur, GAFAM) et continuent de valoriser le direct.
Pour l’auditeur, le confort d’écoute est meilleur que la FM, notamment en voiture ; le choix des programmes se fait par leur nom ; de nouvelles radios arrivent ; du texte ou de l’image sont affichés sur le récepteur ; l’anonymat et la gratuité de l’écoute sont préservés (contrairement à internet). Tous les véhicules neufs vendus en Europe et la plupart des récepteurs domestiques du commerce intègrent la réception du DAB+.
Bonus écologique : plusieurs études(1) démontrent que le DAB+ est moins énergivore que la FM ou l’écoute par internet. La radiodiffusion fait sa révolution.
DAB+ et FM – sélection naturelle ?
La Norvège et la Suisse ont fait le choix d’arrêter la FM(1). La Norvège a arrêté la diffusion FM des programmes nationaux et commerciaux en 2017. La Suisse va basculer vers le DAB+ en 2024. La transition a été planifiée sur plusieurs années, le grand public informé et accompagné pour adapter son véhicule et trouver des récepteurs abordables. Le choix de programmes a été enrichi, la couverture des territoires améliorée par rapport à la FM. Plus de choix pour une radio de meilleure qualité et l’auditeur a suivi le mouvement vers le DAB+ ! D’autres pays (Allemagne, R-U…) se posent la question : si l’auditeur et l’industrie sont prêts, la FM devient redondante.
Et la France ?
50% de la population recevra des programmes DAB+ fin 2022(2). La question de l’arrêt de la FM au profit du DAB+ est, au mieux, prématurée mais la transition se posera dans plusieurs années pour mettre fin aux coûts de double diffusion. L’arrêt sélectif de la FM aux bonnes conditions (d’équipement, de couverture, de diversité et de pluralité) sera envisageable. Les radios consolideront leur modèle économique. La valeur ajoutée du DAB+ sur l’IP et la FM attirera les auditeurs. La cohabitation de la FM et du DAB+ pour les programmes doublement diffusés n’aura plus lieu d’être. La FM pourra s’éteindre naturellement pour la plupart des programmes, comme les grandes ondes qui ont quasiment disparu(3).
(1) Les études et l’état du déploiement du DAB+ sont disponibles sur www.worlddab.org
(2) Source : ARCOM
(3) Seul RTL diffuse encore en grandes ondes selon l’ARCOM