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Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Les femmes ne sont pas des potiches
Les concours de beauté sont par définition une mise en concurrence des femmes selon leur physique. Malgré des tentatives de mettre aussi en avant des qualités intellectuelles avec des questionnaires de culture générale par exemple, les critères de sélection restent fondés sur l’apparence : mesurer au moins 1,70m, être très mince, parfaitement épilée, brushée et maquillée…
A cela s’ajoute souvent des critères très moralisateurs et intrusifs sur le mode de vie des candidates, comme c’est le cas pour le concours Miss France. Il impose en effet d’être un “modèle de vertu” autrement dit être célibataire, n’avoir pas d’enfant, n’avoir jamais posé dénudée ou encore n’avoir pas de tatouage ni de piercing. Une vision réactionnaire du mode de vie qui conviendrait à une jeune femme, donc.
Objectification des femmes et renforcement des stéréotypes
Le principe même des concours de beauté, en procédant à une sélection des femmes sur leur apparence, les réduit à un type d’esthétique. Elles n’auraient de valeur que par leur aspect, dans la mesure où elles rentreraient dans un cadre bien défini évidemment. Elles sont présentées comme des “potiches”, des objets sexuels que l’on peut observer, admirer, juger et désirer sous toutes les coutures.
Par ailleurs, ces concours imposent des standards complètement irréalistes, où un seul modèle de femme n’est possible et valorisé.
Entre l’absence de variété des femmes représentées et face à l’idée que les femmes n’ont d’intérêt selon leur apparence, les filles sont confrontées à des stéréotypes qu’elles intériorisent dès le plus jeune âge. Et aux garçons, on apprend que les femmes sont des poupées à regarder et trier.
Une véritable fabrique à complexes
Si on ne correspond pas aux critères drastiques portés par ces concours, on est entraînée dans une écrasante machine à complexes. Les femmes, mais surtout les jeunes filles, sont les cibles de fortes injonctions à la beauté, à la maigreur et à la jeunesse. Outre la culpabilité de n’être jamais assez bien, cela a un impact fort sur la santé des filles et des femmes.
Cette mise en concurrence des femmes favorise leur isolement les unes des autres, alors même que les hommes sont valorisés en jouant en équipe que ce soit en sport ou en politique. La fraternité serait donc pour les hommes, quand la sororité est un mot peu reconnu.
Quand mettra-t-on des femmes talentueuses en avant, pour contribuer au progrès de la société, loin d’institutions hors d’âge ?
Vous ?
Malgré tous nos efforts, nous n’avons pas pu trouver de seconde personne légitime, compétente, et partante pour défendre ce point de vue.
Si cela vous tente, n’hésitez pas à nous contacter !
La réalité des concours est plus complexe
Federica Tamarozzi
Ethnologue et conservatrice, responsable du Département Europe au MEGhttp://www.meg-geneve.ch
Avec Anne Monjaret, nous observons les concours de beauté depuis les années 2000. La Miss fascine mais son statut est ambigu. Pour bon nombre d’observateurs les concours de beauté frisent la niaiserie, pour d’autres, ils n’ont pas d’importance. Le problème c’est que l’on ne sait pas vraiment ni comment les évaluer, ni comment en étudier les effets, alors que ces « futilités » occupent une place importante dans l’économie du beau de nos société modernes et répondaient dans le passé à des logiques matrimoniales et politiques (Duret, 1999 ; Segalen, 1983, Sorlin 1998).
Les études se multiplient : une réalité complexe
Bien avant que l’appellation de « Miss » devienne un nom commun, il existait des « Reines » qui par une ou des élections successives parvenaient à représenter d’une communauté bien définie (une classe d’âge, un métier, une région etc.). Pendant de longues années la Miss côtoie la Reine puis la détrône. Le changement d’appellation entraîne des modifications importantes, notamment la mise en avant de la plastique des candidates: le concours de beauté sous sa forme contemporaine fait son apparition au début des années 1920 dans des nombreux pays occidentaux (la France, l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne…).
Cependant, c’est le « Atlantic City Pageant » (1921) – qui adopta en 1922 le nom de « Miss America » – et met mieux en lumière les transformations d’une société en construction où l’ambition commerciale côtoie l’émancipation féminine. Ce n’est donc pas un hasard si le titre « miss » suggère, par sa consonance, l’idée que la lauréate du concours de beauté incarne une réussite « à l’américaine ». Le rêve de réussite individuelle et l’idéal de la promotion commerciale seront progressivement habités par d’autres avatars de la femme, mais malgré la concurrence, la Miss reste une figure populaire dans tous les sens du terme.
L’élection d’une Miss se déroule par étapes successives du local vers le national ou l’international. A chaque étape les candidates sont évaluées par des critères normatifs mesurables (âge, mensuration, taille…) et non-mesurables (charme, gestuelle, perception du corps, c.a.d. le fameux « je ne sais quoi ») . Ces critères évoluent tous avec le temps.
Un miroir de la société qui les produit et une occasion pour la faire évoluer
En Europe, le couronnement de miss mères célibataires, ou celui de jeunes femmes issues de l’immigration a coïncidé et accompagné des changements majeurs dans les mentalités et les pratiques.Accusées de projeter une image de féminité à la fois exacerbée et traditionnelle, les Miss ont souvent su afficher leur liberté.Non seulement les candidates réussissent dans la conciliation de clichés parfois contradictoires mais elles trouvent un intérêt personnel au concours et à ses carcans.Jackie Assayag (1999) insiste sur le fait que sous l’apparente légèreté du sujet se cache des interrogations pertinentes sur les conditions de la femme.
Chaque concours est une véritable entreprise de fabrication qui mêle ambition de l’esthétique, enjeux économiques, rayonnement politique et résonnance médiatique. Alors que les Miss Nationales conjuguent les atours féeriques de la royauté avec les symboles de la nation républicaine, tout en restant des ambassadrices régionales… on voit apparaitre de nouveaux concours sous l’impulsion de minorités qui ont choisi cette stratégie pour donner visibilité à leurs combats identitaires. Il est donc temps d’abandonner les jugements à l’emporte-pièce !
Toutes les femmes sont belles !
Clarence Cebin Lhomme
Responsable communication de Miss Ronde Paris et Île de France
Je commencerais par répondre « Non les concours de beauté ne favorisent pas le principe de femme objet ». En tout cas ce n’est pas l’image que nous voulons véhiculer.
C’est avant tout une aventure humaine de 4 à 6 mois de préparation, durant laquelle les femmes qui désirent s’inscrire et s’engager dans cette démarche vont se rencontrer, échanger sur leur histoire, apprendre sur elle-même, tisser du lien, se prouver des choses, chacune avec son propre objectif. Et avec un objectif commun dans le cas de nos élections Miss Ronde Paris et Miss Ronde Ile de France : militer pour la tolérance, l’acceptation de soi dans une société qui bien souvent catégorise la différence physique.
Nous voulons abolir ces clichés qui entourent trop souvent les rondes
A travers les différentes activités prévues lors des préparations et les événements proposés aux élues nous avons le plaisir d’aider ces femmes à prendre confiance en elle et à mettre en valeur leur beauté naturelle.
Cela passe par la photographie, par le fait de porter de superbes tenues prêtées souvent par nos partenaires (ex : Sublime France, Divine and Luscious et d’autres) par des actions solidaires comme chaque année nous récoltons des dons pour le Telethon.
En plus de tous ces apports personnels, on peut constater que souvent des candidates créent de réelles relations d’amitiés entre elles. Elles rencontrent des femmes qui vivent la même chose qu’elles au quotidien ou qui ont les mêmes envies et cela les rapprochent. C’est aussi un moment choisi qu’elles prennent pour se recentrer sur elles, et lâcher prise.
Toutes les candidates sont prévenues en amont de l’engagement induit par ce concours réglementé
Nous demandons aux prétendantes une certaine rigueur, de la ponctualité, du respect envers les une et les autres, envers nos partenaires pour leur travail et leur soutien.
De plus, toutes les femmes de notre comité régionale sont bénévoles, nous travaillons beaucoup et notre but est de réellement mettre la beauté des nos miss en valeur.
Bien sûr elles sont également jugées sur l’harmonie de leurs rondeurs, et les juges en préfèreront une plutôt que l’autre par rapport à sa beauté et son charisme. Mais les préparations servent aussi à leur donner confiance, ce qui joue forcément sur la perception des juges par rapport à la beauté qu’elles dégagent.
L’ambition bien définie de ce concours est de véhiculer une belle homogénéité féminine. Toutes les femmes sont belles !
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