Chaque mois, pour chaque numéro, deux étudiants en partenariat avec Révolte-toi Sorbonne débattent d’une question plus ou moins fondamentale… Le but est de réaliser un exercice d’éloquence et de débat par écrit. Nous les publions maintenant en ligne !
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L'avare vêtu de rouge !
Eduardo Martinez
Etudiant à la Sorbonne« De mon temps on n’avait qu’une orange et on était bien contents » marmonne votre père ou grand- père dans sa barbe. Et il avait bien raison ! Quand il était enfant, sa famille se réunissait pour le plaisir d’être ensemble, une opportunité peu commune pour certains de voir toute la famille réunie.
Mais aujourd’hui la terreur rouge corrompt cette belle tradition, la transforme en une période de shopping effréné, en une période axée autour d’un matérialisme insatiable. Dès notre plus tendre enfance le Père Noël nous empoisonne, lentement alimentant notre soif d’objets. Chaque année des millions d’enfants s’assoient à leur table, stylo à la main, tremblant de cette pulsion de posséder plus, toujours plus. On n’a condamné Socrate pour corrompre la jeunesse, à quand le tour du Père Noël?
Ces objets sont vendus dans le marché humain de tous les jours mais le Père Noël plagie sans aucun scrupule avec son armée de lutins qui, à en croire les histoires, travaillent toute l’année sans congés ni salaire, enfermés dans leur usine du pôle Nord. Combien le Père Noël doit-il à ce jour en amendes pour infraction des droits d’auteur depuis qu’il a commencé sa funeste tâche? Et qu’en est-il des taxes d’importations? Des milliards d’euros en marchandises amenées dans les pays sans être déclarées. Ajoutez à cela une répétitive violation de domiciles et l’exploitation de ses employés, on a de quoi lui faire un sacré dossier à l’Interpol.
Si cet hypocrite barbu est bien content de profiter de nos inventions, on n’entend jamais parler des siennes. Il garde précieusement les informations sur la technologie qui lui permet de parcourir la planète en une nuit. Monopole technologique, plagiat et évasion fiscale: celui que l’on prend comme le symbole de la générosité est en fait le plus avare des hommes d’affaires.
Et n’avez-vous jamais été choqué d’apprendre que celui qui était censé visiter tous les enfants en délaisse une grande partie? Comment expliquez-vous à votre enfant auquel vous voulez enseigner la tolérance et le respect des autres que cet aimable et généreux vieil homme ne visite jamais les musulmans ? Les juïfs ? Il a beau être en rouge sa version du communisme est tout de même honteusement sélective.
Le Père Noël est une ordure autant sur le plan légal comme sur le plan éthique.
L'ordure est celui qui empêche le partage !
Léa Gazeau
Etudiante à la SorbonneNoël. Des lumières chatoyantes, une famille réunie qui festoye autour d’une dinde, de vin, d’une bûche. Des éclats de rire qui parcourent la pièce et vous rappellent combien c’est bon d’être entouré de ceux qu’on aime. Enfin ça c’est la peinture cliché du repas de Noël parce qu’en vérité, l’oncle éméché a déjà trop bu et relance le débat sur les Gilets Jaunes, et les enfants, à leur “table des enfants”, se disputent parce que Noé a eu une voiture télécommandée et que Hugo n’a eu qu’un camion. Donc évidemment Hugo s’énerve et lance “de toute façon il est méchant le Père Noël.” Hugo condamne le Père Nöel et au vu des circonstances vous aussi. Mais soyons sérieux deux minutes, il est l’incarnation de la bonté et de la bienveillance envers autrui. Nous sommes tous charmés et souriant, même si c’est une esquisse lorsque qu’un visage s’illumine parce qu’on a pensé à lui à travers un cadeau.
Condamner cette preuve d’amour, c’est condamner la capacité de l’homme à faire preuve de charité. Ce n’est plus Hugo n’a eu qu’un camion, c’est Hugo a eu un camion, mais c’est également Joséphine, leucémique, a eu une peluche, un cheval, parce qu’avant elle faisait de l’équitation et elle était même classée à Lamotte. Le Père Noël n’est pas condamnable. C’est un mythe, un rêve pour les enfants, pour apporter étoiles et paillettes dans leurs yeux une fois dans l’année. Un mythe n’est pas réel, on ne peut remettre en cause que le concret, le réel, ce sur quoi on peut s’appuyer. Il n’est pas tout ça. Vous voulez vous en prendre à lui ! Faites donc ! collez-lui un procès et vous serez aux premières loges de la déceptions de millions d’enfants qui une fois dans l’année, une seule, se réunissent autour de la magie d’une même histoire.
Accusez le Père Nöel d’être une ordure, allez-y. Mais alors vous êtes du côté de la mort et je suis du côté de la vie. La mort d’un mythe contre la vie d’un rêve pour un enfant, et d’une nostalgie pour un plus grand, la nostalgie des bons moments, de ces joies qu’on a pu ressentir, surtout quand le moral a pu être au plus bas ; parce que oui, quand on affronte des épreuves, des drames, rêver soulage, rassure, apaise. Grand-mère se lève et met ses lunettes, parce que oui, avec sa cataracte elle ne voit rien. Elle serre les deux enfants dans ses bras et dit : “les deux sont à vous, vous n’avez qu’à vous les prêter”. Finalement ce n’est pas lui l’ordure, c’est celui qui empêche le partage.
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