Le contexte
Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.
Ensemble en route vers une Europe plus sociale
Marianne Thyssen
Commissaire en charge de l'Emploi, affaires sociales, compétences et mobilité des travailleurshttps://ec.europa.eu/commission/commissioners/2014-2019/thyssen_fr
Le socle Européen des droits sociaux n’est pas une avancée optionnelle. C’est une proposition nécessaire pour rendre l’Europe plus sociale et pour garder notre modèle social dans l’avenir.
Ce modèle social, malgré son succès, est sous la pression de la mondialisation, la numérisation et une société vieillissante. Nous devons nous adapter à la réalité d’aujourd’hui pour relever ces défis et les transformer à des opportunités pour tous.
Nous avons tourné la page de la crise économique et financière. Malgré la croissance que nous témoignons pour la première fois dans tous les Etats Membres, les inégalités sociales – dans les États membres, mais aussi entre les États membres – sont encore trop prononcées. Tout le monde devrait pouvoir bénéficier de la croissance économique, pas seulement les ‘happy few’.
La politique économique est la politique sociale. Et la politique sociale est la politique économique. On doit agir sur les deux fronts en même temps. Le Socle concerne par conséquence nos entreprises, nos économies et nos citoyens.
L’Europe sociale est dans le cœur de nos citoyens. Beaucoup de gens s’inquiètent des changements auxquels ils sont confrontés. Mon travail existera-t-il encore à l’avenir? Aurai-je de la protection sociale dans le monde d’Uber et Airbnb? Ce que les citoyens s’attendent de nous, politiciens, est que nous contribuons à façonner l’avenir.
Comment le faire? Le socle européen des droits sociaux définit 20 principes et valeurs essentiels pour montrer le chemin vers des marchés du travail et des systèmes de protection sociale équitables, performants et adaptés au 21e siècle. Ils reflètent les directions les plus importantes que prend le nouveau monde du travail en pleine révolution digitale.
Le Socle est loin des mots vides. Nous avons proposé 4 initiatives concrètes pour montrer que nous joignons le geste à la parole, comme la proposition pour aider tous les parents et soignants qui travaillent – femmes et hommes –, de mieux équilibrer leur vie de famille et leur carrière professionnelle.
Mais l’Union européenne ne peut pas construire une Europe sociale toute seule. Nous sommes prêts à faire notre part, mais le centre de gravité se trouve au sein des autorités nationales et locales et des partenaires sociaux. Le Socle demande de joindre les efforts à tous les niveaux de compétence. Une Europe sociale forte est un chantier de construction sur lequel nous devons tous, collectivement, retrousser nos manches afin d’en faire une réalité. Brique par brique.
Une mobilisation nouvelle à caractère progressiste devient indispensable
Patrick Le Hyaric
Député Européen, Vice Président du Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordiquehttp://patricklehyaric.net/
La Commission européenne est plus préoccupée par le respect de la concurrence de tous contre tous que de l’Europe sociale.
Les enjeux sont pourtant immenses : il faut inventer des orientations nouvelles pour progresser vers une sécurité dans l’emploi et la formation de chacune et chacun, le combat contre les inégalités en commençant par réduire l’inégalité salariale entre les femmes et les hommes, l’accès au travail des jeunes, le chômage de masse, la précarisation croissante, la hausse des inégalités, les difficultés d’accès au marché du travail pour les jeunes et les femmes.
Il faut d’autre part tirer le bilan des impacts négatifs des choix de restrictions budgétaires sur les systèmes de protection sociale.
Le double langage consistant à clamer d’un côté la défense du modèle social européen et de l’autre bafouer la Charte des droits fondamentaux devient plus qu’insupportable.
L’idée européenne ne peut être sauvée que si elle est refondée sur un nouveau projet de progrès social, humain et environnemental.
Celui-ci doit se fonder sur la création de nouveaux droits sociaux accordés à tous les Européens à partir d’une harmonisation progressive vers le haut.
Ainsi un salaire minimum basé sur 60% du revenu médian doit être instauré ; une garantie de formation doit accompagner la garantie jeunesse qui doit être étendue et surtout disposer de moyens suffisants pour accorder à tous les jeunes une formation ainsi qu’un débouché professionnel ; un vrai travail de réflexion doit être mené avec les syndicats sur la durée du temps de travail et l’amélioration des conditions de travail.
Enfin il est grand temps de relancer le projet de congé maternité européen sur la base de 20 semaines intégralement rémunérées comme le demande le Parlement européen.
Une mobilisation nouvelle à caractère progressiste devient indispensable pour enfin faire avancer la construction de L’Europe Sociale.