Égalité femmes-hommes : quel est le bilan du quinquennat ?

Oxfam fait le bilan du quinquennat Macron en matière d'égalité femmes-hommes

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Ce contenu a été réalisé en partenariat avec Oxfam, association internationale qui lutte contre les inégalités. Une cause que nous partageons également !

En 2017, Emmanuel Macron revendiquait l’égalité entre les femmes et les hommes comme la « grande cause nationale du quinquennat ». Cinq ans plus tard, qu’en est-il des mesures gouvernementales de lutte contre les violences sexistes et sexuelles ?

Jeudi 3 mars 2022, Oxfam France, organisme de lutte contre la pauvreté et les inégalités, a publié un rapport : Égalité femmes-hommes : grande cause, petit bilan. Il s’appuie sur 5 marqueurs : le budget et les institutions, la lutte contre les violences faites aux femmes, l’égalité professionnelle et la lutte contre les inégalités économiques, la diplomatie féministe et enfin, les droits sexuels et reproductifs.
Sandra Lhote-Fernandes, responsable plaidoyer santé et égalité femmes-hommes, nous a présenté ce rapport qui établit le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron, sous le prisme des inégalités entre les femmes et les hommes. Quelques jours avant la Journée internationale des droits des femmes, leur constat est sans appel : les résultats et les moyens mis en œuvre par le gouvernement sont largement insuffisants.

Inégalités femmes-hommes : trop peu de moyens mis en œuvre

Le rapport a été l’occasion de revenir sur le budget consacré aux inégalités femmes-hommes. On a pu entendre à plusieurs reprises durant ce quinquennat que jamais un gouvernement n’avait fait autant pour les inégalités femmes-hommes. Mais le rapport suggère de « dépasser l’auto justification systématique et de garder le cap coûte que coûte », affirme Sandra Lhote-Fernandes. En effet, les chiffres sont là : le budget dédié à l’égalité a augmenté mais il reste insuffisant : il est de 0,25 % sur le budget général du quinquennat. Le budget du ministère des droits des femmes a certes augmenté mais il reste dérisoire : il représente 0,01% du budget de l’Etat (contre 0,006 en 2016).

Concernant la lutte contre les violences faites aux femmes, les sujets ont été impulsés dans le débat public grâce aux mouvements féministes comme #MeToo ou #DoublePeine. Un réel problème de prise en charge auprès des forces de l’ordre a été constaté. Néanmoins, des efforts ont été faits : 90 000 personnes ont été formées, soit 40 % des forces de l’ordre. En revanche, le nombre de féminicides n’a fait que stagner : 1 femme est tuée par son conjoint ou ex-conjoint tous les 3 jours. En réponse à la médiatisation de ce phénomène, il y a eu le Grenelle des violences conjugales en 2019 (ensemble de tables rondes organisées par le gouvernement entre le 3 septembre et le 25 novembre 2019). Des dispositifs ont été mis en place, mais leur application est insatisfaisante. À titre d’exemple, concernant les demandes d’hébergement : 4 femmes sur 10 n’obtiennent pas de réponse. Pour les bracelets anti rapprochements, on recense 676 bracelets prononcés pour 469 actifs, et seulement 12 sont attribués avant une décision de justice. L’interdiction des armes pour les hommes auteurs de violences devait aussi être systématique, mais elle n’est pas encore totalement appliquée.

La diplomatie féministe adoptée : un point encourageant mais insuffisant

Originaire de Suède, le terme de diplomatie féministe a été initié par l’ancienne ministre des affaires étrangères suédoise, Margot Wallström. Ce concept, lié au principe de politique étrangère féministe, désigne le fait que l’État doit promouvoir à travers ses pratiques et ses valeurs, l’égalité entre les sexes. Les relations internationales doivent jouer un rôle crucial pour garantir aux femmes et aux filles « la jouissance de leurs droits fondamentaux ». Le rapport soutient que le gouvernement a pour la première fois adopté la diplomatie féministe. Il s’agit d’un point encourageant, qui n’est toutefois pas suffisant car la France reste 26ème sur 30 au classement des pays donateurs intégrant l’égalité dans leurs aides. Il serait également nécessaire de développer la formation interne et la représentation des femmes dans le corps diplomatique, tout en assurant des financements adaptés à l’ensemble de la politique étrangère de la France.

Une attention particulière a aussi été portée à la question des droits sexuels et reproductifs. Pour rappel, près de 2 millions de femmes en France font face à des difficultés d’accès aux protections hygiéniques pour des raisons avant tout financières. Un point positif a tout de même été soulevé : l’allongement du délai d’IVG est passé de 12 à 14 semaines.

Le rapport a été envoyé aux candidats des élections présidentielles, afin qu’ils puissent se positionner sur les enjeux des droits des femmes. Sandra Lhote-Fernandes, ainsi que les expertes des organisations féministes Oxfam France, Equipop et Care France espèrent que ce bilan nourrira le débat public et appellera à de nouveaux engagements pour accélérer la lutte contre les inégalités femmes-hommes.

Les chiffres clés du rapport

LA POLITIQUE EN FAVEUR DE L’ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES REPRÉSENTE 0,25% DU BUDGET DE L’ÉTAT
EN MOYENNE, 1 FEMME EST TUÉE PAR SON CONJOINT OU EX-CONJOINT TOUS LES 3 JOURS SOUS LE QUINQUENNAT D’EMMANUEL MACRON
IL MANQUE 230 000 PLACES EN CRÈCHES EN FRANCE, ET 40% DES PARENTS D’ENFANTS DE MOINS DE 3 ANS SONT SANS SOLUTION DE GARDE
LA FRANCE EST 26ÈME SUR 30 AU CLASSEMENT DES PAYS DONATEURS DE L’AIDE VERS LES DROITS DES FEMMES
PRÈS DE 2 MILLIONS DE FEMMES ET DE FILLES FONT FACE À DES DIFFICULTÉS D’ACCÈS AUX PROTECTIONS HYGIÉNIQUES POUR DES RAISONS AVANT TOUT FINANCIÈRES
 

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