Faut-il faire confiance aux produits bio du supermarché ?

Débat confiance produit bio supermarché
Crédits : Gorodenkoff

Numéro 1

S’informer

Quelle place pour le marché du bio en France ?

En 2017, le marché du bio en France est en plein essor avec 8,37 milliards d’euros de chiffre d’affaire. On retrouve les produits bio en majorité dans les grandes et moyennes surfaces (46%) devant les magasins spécialisés (36%) et la vente directe (13%). A côté de cela et pour répondre à la demande croissante, les surfaces engagées en bio augmente avec 1,745 millions d’ha en fin 2017.

Sources : Agence bio

Quelle est notre consommation actuelle en France ?

Les questions de santé et d’environnement influencent de plus en plus les achats des consommateurs. La preuve en 2018, plus de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques et près des ¾ consomment bio régulièrement (au moins une fois par mois).

Sources : Agence bio

Pourquoi ça fait débat ?

Face à l’explosion de la demande, les supermarchés se sont adaptés en agrandissant leur rayon bio, ouvrant des magasins spécifiques ou en rachetant des leaders (Naturalia). Pour autant, certains s’inquiètent de cette «démocratisation du bio» et dénoncent les rémunérations inégales des producteurs, l’importation étrangère de certains produits ou encore des méthodes similaires à l’agriculture intensive.

Numéro 2

Se positionner

Le principe du Drenche est de présenter l’actualité sous forme de débats. Le but est qu’en lisant un argumentaire qui défend le « pour » et les arguments du camp du « contre », vous puissiez vous forger une opinion ; votre opinion.

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LE « POUR »

Une transition alimentaire accessible à tous

Billet rédigé par :

Benoît Soury

Directeur du marché bio chez Carrefour
https://www.carrefour.fr/

L’engagement de Carrefour pour le bio ne date pas d’hier, c’est un vrai engagement historique avec les agriculteurs français.
Ainsi, quand la première réglementation bio est sortie, Carrefour a été le premier à fabriquer et à commercialiser la boule de pain bio en grande surface en 1992. En 1997, nous continuions dans notre lancée avec la création de la marque Carrefour bio.
En revanche, à partir de 2018, l’objectif a été effectivement d’avoir un vrai renforcement et offrir une expérience consommateur biologique nouvelle.

Des relations solides et durables avec le monde agricole

Carrefour a également construit avec le monde agricole des relations solides et durables depuis plus de trente ans notamment avec ses Filières Qualité conventionnelles, Carrefour dispose de l’appui de 20000 agriculteurs en France.

Parmi les actions concrètes, nous nous sommes engagés à ce que 95% des fruits et légumes de saison que nous vendons soient produits en France. Parallèlement, nous accompagnons plusieurs coopératives en Corse durant la période de conversion jusqu’à leur certification en bio de pomelos ou de clémentines.
Autre exemple sur l’origine, Carrefour est le premier distributeur à commercialiser une offre de pain bio 100% de farine française.

Nous n’enfermons pas les agriculteurs dans une exclusivité

En ce qui concerne notre relation avec les producteurs, on reproche souvent à la grande distribution de prendre des engagements courts et d’enfermer les agriculteurs dans une exclusivité. Carrefour soutient la conversion et la production, grâce à des contrats longs sur 5 ans. Ce n’est pas un engagement exclusif. On achète en général un tiers de la production de l’exploitation.
Nous avons une démarche plus volontariste avec le monde agricole. Nous faisons l’effort de la proximité pour détecter les producteurs et les accompagner durant leur période de conversion. C’est un engagement financier dans la durée.

Une adaptation à la production de chaque région

Enfin, les consommateurs veulent du local, des circuits courts. Pour pouvoir privilégier l’approvisionnement auprès de PME, à proximité, nous avons développé une organisation très structurée avec 22 centrales d’achats en bio et circuits courts. L’objectif est de s’adapter à la production de chaque région, et de mettre des producteurs locaux en relation avec nos magasins locaux.

Carrefour s’est engagé pour une transition alimentaire accessible à tous, son objectif est d’offrir à tous les consommateurs une alimentation de qualité et de proposer des produits plus sains au juste prix.

LE « CONTRE »

Le bio tel qu'il est n'est pas tel qu'on l'imagine

Billet rédigé par :

Frédéric Denhez

Auteur de Acheter Bio ? À qui faire confiance paru chez Albin Michel, chroniqueur et conférencier sur les questions d’environnement
http://www.fredericdenhez.fr/

Le bio véhicule tous les fantasmes, tous les espoirs. De marché de niche, il est devenu en quelques années phénomène de masse, grâce aux supermarchés. Ce qui éveille les doutes…

Le bio est le même partout

Le bio est réglementé en Europe par un cahier des charges qui s’applique à tous les pays de l’union. Le logo de la certification est la feuille verte, AB pour la France. Que le produit soit vendu chez Biocoop, Auchan, dans une épicerie danoise ou un hypermarché portugais, il répond aux mêmes exigences.

Le cahier des charges est contraignant, mais…

Le cahier des charges est restrictif sur l’usage des « intrants », c’est-à-dire les pesticides et les engrais. Cet usage est limité aux produits issus de l’agriculture biologique elle-même comme le fumier et aux substances naturelles comme le cuivre. Il y a aussi des normes strictes sur la taille des poulaillers, ou sur le temps que les vaches doivent passer à l’herbe. Pour le reste, le cahier des charges met en avant des principes agronomiques et écologiques, sans obligations particulières. En clair, le bio tel qu’il est n’est pas tel qu’on l’imagine : techniquement, il ne garantit que l’absence de produits chimiques de synthèse. Pour les produits transformés, la liste des additifs autorisés est beaucoup plus courte.

Le bio n’est pas celui que l’on rêve

Le bio est le seul label à vraiment nous rassurer. Depuis 40 ans nous sommes alimentés par un système (agriculture intensive – industrie – grande distribution) devenu totalement opaque, auquel nous ne comprenons rien. Seul le label bio nous donne confiance car il nous raconte quelque chose. C’est-à-dire que c’est une part de nous-mêmes que nous projetons sur lui : nous voulons croire qu’il est une promesse de santé, de sauvegarde la planète, de respect des animaux et des agriculteurs etc. Or, il n’est pas cela. C’est là où est le problème.

Il n’y a pas de dérives, mais des frustrations

À voir le bio se multiplier partout, on se dit qu’il est aux mains des industriels et des agriculteurs qui ont dérogé au cahier des charges. Il n’en est rien. Ils font ce qui est permis. Alors oui on peut faire du bio de façon intensive en labourant trop les sols sur des parcelles sans arbres. On peut élever des poules dans des bâtiments gigantesques. On peut faire des produits transformés trop gras, trop sucrés. SI l’on veut du bio « canal historique », conforme à la philosophie de la bio, il faut se diriger vers Nature et Progrès, et globalement acheter tout produit frais fait en France parce que les producteurs y respectent cette philosophie. Et bien lire les étiquettes : un produit transformé avec une liste d’ingrédients trop longue et mystérieuse sera toujours douteux…

Références

 

Frédéric Denhez, Acheter Bio ? À qui faire confiance, Albin Michel, février 2019

 

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POUR

☞ Soutenir la diversification des offres bio de supermarché (via le vote en ligne sur les sites des supermarchés)
⚇ Se renseigner sur les engagements qui existent (Bio Village de Leclerc, Carrefour Act for Food…)
☞ Acheter bio en supermarché en favorisant l’achat local ou français et en lisant les étiquettes des produits.
☞ Privilégier les supermarchés bio (La Vie Claire, Biocoop…) aux grandes surfaces classiques.

CONTRE

⚇ Se renseigner sur les alternatives à l’achat en grandes surfaces (La Famille sans supermarché)
☞ Privilégier l’achat bio en circuit court et local : AMAP bio, magasins coopératifs de producteurs…
☞ Organiser/rejoindre un regroupement de consommateurs en contact direct avec les producteurs
☞ Rejoindre une association, telle que Nature et Progrès, pour une amélioration des pratiques de production.

 

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